Les campagnes française vont-elles, de nouveau, s’enflammer ? Alors que la Coordination rurale menace d’affamer les villes, la FNSEA appelle à une mobilisation générale à partir du lundi 18 novembre. La Confédération paysanne entend de son côté multiplier les actions pour exiger la régulation des marchés agricoles. Dans leur viseur : la menace de finalisation de l’accord de libéralisation du commerce entre l’Union européenne et certains pays d’Amérique du Sud, qui pourrait entraîner l’importation en Europe de centaines de milliers de tonnes de produits agricoles exonérés de droits de douane.
Mais les syndicats agricoles sont aussi fâchés du manque de suites données au vaste mouvement de colère de l’hiver dernier. « Ce que [les agriculteurs] veulent aujourd’hui, ce sont des résultats concrets dans leur cour de ferme » a déclaré Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, alors qu’il était en déplacement dans les Pays-de-Loire. « On est prêt à aller loin pour que nos revendications soient entendues », a t-il prévenu quelques jours plus tôt.
Une profession très inégalitaire
Il y aurait donc un monde agricole homogène, défendant ensemble des exploitations similaires et des intérêts communs. Mais cette unité de façade, convoquée dès que la colère gronde ou menace, empêche de réfléchir à ce qui différencie et divise au sein de la profession, qui est en fait l’une des plus inégalitaires du pays. D’un côté, les 10 % des ménages agricoles les plus pauvres touchent moins de 10 900 euros par an (soit environ 800 euros par mois). De l’autre, les 10 % les plus riches gagnent plus de 44 600 euros par an (environ 3700 euros par mois). Et encore, ces chiffres sont des moyennes, qui cachent les immenses fortunes autant que les vies de misère. L’abîme qui sépare les deux franges les plus extrêmes de la population agricole est plus…
Auteur: Nolwenn Weiler