Rien n'est grave

Le 9 janvier 2024 s’est ouvert le procès pour « violences volontaires » des trois policiers de la BST responsables de l’agression de Théo Luhaka, le 2 février 2017 lors d’un contrôle d’identité à la cité des 3000 à Aulnay-Sous-Bois.
Récit d’une semaine, qui aura permis à la vérité judiciaire d’éclore : « Pour eux, rien n’est grave. »

Lundi 8

Saint-Denis, sur mon vélo je trace je vais être en retard, je pense Rosenthal-Quintane-Lucbert, amen, je n’écris pas j’ai du mal j’accumule j’accumule les petits bouts qui ne veulent pas se coller s’assembler s’articuler. Je dois quand même m’être mis une ou deux caisses magistrales à l’adolescence qui ont laissé leur marque, vous croyez pas, le psy n’a pas répondu, jamais de commentaire, ne se prononce pas, vous pensez pas que j’ai grillé un ou deux fusibles quand même qui m’empêchent de faire des choses tellement simples comme faire un texte propre avec mes petits bouts sales et cette manie de tourner autour du pot tourner autour du pot tourner autour du pot.

Mardi 9

Je voulais avancer dans mon roman mais finalement j’enfourche mon vélo je fonce à Bobigny. C’est là que ça se passe, c’est là qu’il se passe quelque chose j’ai envie d’y être voilà. Je vais aux procès. Je n’écris pas. J’enfourche mon vélo. Je ne prépare pas mes cours. Je vais voir les flics qui ont violé Théo.

Ce jour-là il y a des caméras devant la salle des assises et des policiers à l’entrée, on me laisse passer puisque la justice est publique alors j’entre et je m’installe sur le premier banc à droite, une grande métisse vient s’asseoir à côté de moi elle dit aux deux hommes blancs crâne rasé derrière nous : Vous savez quand ça commence ? – Ça va reprendre bientôt, qu’est-ce qui vous amène ici ? – Je suis spectatrice, et vous ? Ils ricanent, se regardent, Spectateurs… oh wait. Sur les bancs à gauche il y a une…

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Auteur: dev