RN-LREM : Après le flirt, bientôt un enfant ? — François RUFFIN

Rassemblement national et Marcheurs ! flirtent juste, pour l’instant. Mais bientôt, ils feront un enfant. Bientôt, le système y verra son issue de secours. Bientôt, se dessinera la fusion du projet « national-autoritaire » et « euro-libéral ». Comment y répondrons-nous ?

« Les députés Rassemblement national veulent, incontestablement, que l’on puisse avancer avec beaucoup de bon sens. C’est en réalité à l’Assemblée que nous verrons et que nos compatriotes verront comment nous essayons d’avancer ensemble. » Ainsi s’exprimait, le lundi 20 juin au matin, au lendemain des élections législatives, le ministre de la Justice Eric Dupont-Moretti.

Un mois plus tôt, dans l’entre-deux tours de la présidentielle, Emmanuel Macron invitait les Français à « faire barrage à l’extrême droite ». Mais soudain, au contraire, le Rubicon était franchi par les fantassins En Marche !

La ministre Yaël Braun-Pivet, future présidente de l’Assemblée, réclamait « qu’on avance dans l’intérêt des Français avec tous ceux qui voudront avancer avec nous.– Tous, y compris avec le Rassemblement national ? interrogeait la journaliste.– Écoutez, vous savez c’est ça la beauté de la démocratie… il ne faut pas être dans des postures dogmatiques et partisanes, moi je suis de la société civile et j’ai rejoint Emmanuel Macron parce que je crois au dépassement des clivages, je crois au rassemblement dans l’intérêt des Français, c’est ce que les Français attendent de nous aujourd’hui plus que jamais, etc. » (20/06/22).

Le même jour, toujours, la députée macroniste Céline Calvez indiquait : « Quand on a besoin d’avoir une majorité et si c’est bon pour les Français, on va aller chercher les voix du Rassemblement national » (20/06/22).Sylvain Maillard, lui aussi, avait entendu la voix du pays : « Les Français ont demandé à ce qu’on soit plus ouverts, que ce soit le RN, ou avec tous. C’est ça, ou on dissout. Parfois, le RN peut avoir des positions qui l’amènent à voter des textes. C’est LFI qui a toujours voté contre nous » (20/06/22). Comme pour le cholestérol, il y avait la bonne et la mauvaise opposition.

Mais c’est le néo-macroniste Eric Woerth qui, le mardi, dans Le Figaro, se faisait le plus clair, sans doute malgré lui. Ancien président de la Commission des finances, il marquait ainsi sa préférence quant à son successeur : « Les insoumis ont visiblement en tête de faire du contrôle fiscal. Ce que je n’ai pas entendu au RN » (21/06/22).

« Plutôt…

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Auteur: François RUFFIN Le grand soir