Robots, coaching et intelligence artificielle… l'agriculture selon Xavier Niel

Lévis-Saint-Nom (Yvelines), reportage

Depuis le panneau d’entrée dans le village de Lévis-Saint-Nom, la petite route départementale traverse une épaisse forêt de hêtres. Nous sommes à une heure à peine au sud-ouest de la capitale, mais la ville paraît bien loin. Bientôt, les arbres laissent place à une étendue de champs et de prairies. Au milieu, un manoir. Le domaine de la Boissière s’étale sur 600 hectares, ce qui en fait l’une des principales propriétés agricoles d’Île-de-France. Fin décembre 2019, un couple de Parisiens a racheté l’ensemble pour 19 millions d’euros. Lui, Xavier Alberti, est PDG des Collectionneurs, un groupe hôtelier haut de gamme. Elle, Audrey Bourolleau, est l’ex-conseillère agriculture d’Emmanuel Macron, après avoir été la déléguée générale du lobby Vin & Société.

À l’époque, leur déménagement au fin fond des Yvelines a été présenté comme un « retour à la terre », version bourgeoise. Après deux ans à l’Élysée, Mme Bourolleau entendait en effet troquer les tailleurs pour la combinaison de travail, et « [devenir] agricultrice ». Pourtant, très vite, le conte bucolique a pris des allures « start-up nation ». En février 2021, le magazine Capital annonçait la création au domaine de la Boissière du « plus grand campus agricole du monde » : Hectar. Aux côtés de notre néo-agricultrice, un certain Xavier Niel — richissime patron de Free — a pris 49 % des parts de la société S4H créée pour financer l’établissement. À l’instar de son école 42, destinée à de futurs développeurs, Hectar entend offrir chaque année une formation gratuite à 2 000 étudiants… en agriculture. Avec comme directeur général : Francis Nappez, le cofondateur de BlaBlaCar.

Audrey Bourolleau est l’ex-conseillère agriculture d’Emmanuel Macron. Capture d’écran YouTube/Cultivons-nous

L’ambition, résumée sur le site de l’école : « Être une partie de la réponse aux défis agricoles auxquels notre société doit faire face : 160 000 fermes sont à reprendre d’ici trois ans, soit un tiers des fermes en France, et 70 000 emplois agricoles sont à pourvoir chaque année ! » Pour ce faire, Hectar déploie les grands moyens : un campus, un « accélérateur de start-up et d’innovations », une « ferme pilote en agriculture régénératrice », des « espaces de coworking, de séminaires et de sensibilisation des jeunes ». Côté enseignement, un cursus en six mois devrait former des « chef·fes d’entreprise…

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Auteur: Lorène Lavocat (Reporterre) Reporterre