Rose Lamy (Préparez-vous pour la bagarre) : “Les femmes victimes sont les personnages secondaires du récit médiatique”

J’ai découvert le travail de Rose Lamy sur son compte Instagram @Préparez-vous pour la bagarre. Méthodiquement, elle décortique les articles de presse qui relatent de sordides violences sexistes et sexuelles, et montre comment les récits des médias contribuent à une culture patriarcale qui responsabilise les victimes, minimise les violences et invisibilise les coupables. A force de mobilisations féministes, le terme “féminicide” s’est finalement imposé dans la société, mais les mythes de la culture du viol restent bien solides. 

Dans cet entretien, nous avons parlé de sa prise de conscience féministe, des mythes qu’entretiennent les médias, des changements sociaux depuis #MeToo, de la résistance des hommes de pouvoir (de Darmanin à Quatennens), et des moyens de s’émanciper.

Dans Défaire le discours sexiste dans les médias (JC Lattès, 2021), issu notamment de votre travail militant sur le compte Instagram @Préparez-vous pour la bagarre, vous étudiez le traitement médiatique des violences sexistes et sexuelles. Vous expliquez que cette prise de conscience arrive pendant l’affaire Bertrand Cantat, en 2003. Vous dites que quelque chose n’allait pas dans ce traitement : qu’est-ce qui vous a sauté aux yeux ? Quels sont les mécanismes d’invisibilisation des violences dans les médias ?

Je n’avais pas de culture féministe théorique, il n’y en avait pas dans ma famille. J’ai tout appris dans la culture pop et les affaires médiatiques. La première qui m’a interpellée, c’est l’affaire Bertrand Cantat en 2003 (Bertrand Cantat était le chanteur de Noir Désir, un groupe de rock français. En 2003, il tue sa compagne, l’actrice Marie Trintignant, à coups de poings. Il ressort de prison en liberté conditionnelle moins de 4 ans après, en 2007, ndlr). Ça a été un vrai raz-de-marée à l’époque, parce que c’est la première fois qu’on est sortis de la torpeur : on a réalisé que des hommes qu’on aimait bien pouvaient être des hommes violents.

Jusque là, on était complètement pétris de mythes de la culture du viol. On pensait qu’un violeur était un marginal qui traîne dans les parkings, avec un couteau, et qui viole des femmes au hasard. Le stéréotype de l’homme violent, c’est un homme des classes populaires et/ou racisé, des banlieues, qui déteste les femmes par essence et donc les bat au quotidien. Là, avec cette affaire, j’ai vu une brèche dans la matrice. En plus j’adorais Noir Désir, je venais de les voir en concert, j’adorais leurs…

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Auteur: Eugenie Frustration Mag