Rouen : en pleine canicule, des arbres coupés pour un projet immobilier

Rouen (Seine-Maritime), reportage

« On a la rage. Moi je n’ai jamais eu autant la rage contre quelque chose et cette rage elle va se transformer d’une quelconque manière. » Ces mots sont de Lucile, membre du collectif des Jardins joyeux après l’entrée des engins de chantier dans les jardins de l’ancien foyer Sainte-Marie de Rouen.

Ce lundi, profitant d’un début de matinée encore frais, ils étaient une quinzaine de militants et de riverains à tenir le pavé pour surveiller le possible début des travaux qui devrait transformer cet ancien foyer catholique et ses 4 000 m² de jardins en une résidence de standing. Mais sur les coups de 8 h, un camion à plateau faisait son apparition avec, à son bord, du matériel destiné à la coupe d’arbres.

Les défenseurs des jardins, parmi lesquels se trouvait l’adjoint municipal Manuel Labbé, se sont opposés à l’entrée des engins du promoteur sur le site. © Guénolé Carré / Reporterre

Pour empêcher l’engin et son chargement de pénétrer sur le site, les manifestants ont bloqué l’impasse des Flandres, au bout de laquelle se situe l’unique accès adapté aux véhicules. Appelés par les employés du chantier, une quinzaine de policiers sont rapidement arrivés sur place.

Après avoir retiré les barrières qui bloquaient la rue et ceinturé les activistes assis sur la route, ils permettaient au camion de pénétrer dans les jardins. Personne n’a été arrêté. « Qu’est-ce que vous pensez que vos enfants penseront de vous quand il n’y aura plus aucun arbre ? » pouvait-on notamment entendre crier au-devant à une ligne d’agents impassibles.

Une première occupation expulsée en janvier

À Rouen, la lutte pour la préservation des Jardins joyeux dure maintenant depuis plus d’un an. Situé en plein centre-ville, l’ancien foyer catholique a vu ses dernières pensionnaires partir en 2015. Racheté par le promoteur caennais Sedelka, c’est un projet de résidence de standing qui a finalement été lancé sur le site. Mais ce projet d’habitat de luxe implique, entre autres, la destruction du vaste parc qui abrite une biodiversité qui serait exceptionnelle en ville.

Après une occupation du site en juin 2021 entraînant un premier retard des travaux, les Jardins joyeux — du nom que lui avaient donné ses habitants — étaient expulsés par la force en janvier dernier.

Une broyeuse à branches a été acheminée dans les jardins. © Guénolé Carré / Reporterre

Les opposants, surpris, ont cru jusqu’au dernier moment à un gel des travaux à…

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Auteur: Reporterre