Royaume-Uni : une vague inédite de mobilisations sociales, un parti travailliste toujours plus à droite

Face à l’impopularité persistante des conservateurs au pouvoir et à la longue vague de grèves qui marque le Royaume-Uni depuis l’été dernier, inédite depuis les années 1980, où va le Parti travailliste ? Comme le montre ici Thierry Labica, le tournant à droite n’a cessé de s’accentuer au cours de la dernière année, l’éviction de Jeremy Corbyn n’ayant été que le signal d’une volonté des dirigeants actuels du Labour de (re)faire de ce parti ce qu’il était avant l’arrivée à la tête du Labour de Corbyn : un parti pro-patronal mais jouant aussi, depuis le milieu des années 2000, de la xénophobie la plus crasse.

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La situation britannique reste marquée par six caractéristiques notoires. Rappelons ou indiquons les cinq premières : une inflation toujours galopante qui poursuit et aggrave des reculs salariaux déjà inédits, ainsi qu’une situation sociale notoirement dégradée pour des millions de Britanniques ; l’entrée en récession de l’économie depuis décembre dernier et l’annonce d’une nouvelle phase d’austérité (budget présenté mi-novembre 2022) ; une intensité de mobilisations syndicales inédite depuis des décennies ; une succession d’annonces de profits records, dans le secteur de l’énergie notamment ; et enfin, l’impopularité du pouvoir conservateur qui jusqu’à présent ne semble pas devoir se remettre des dégâts du bref passage de Liz Truss au poste de premier ministre pendant quelques semaines à peine à l’automne dernier.

La reprise de confiance collective d’une grande partie du monde syndical et l’intensité des luttes de classe forment l’élément le plus déterminant de cette conjoncture et des bifurcations qu’elle pourrait susciter. Sur ce point et en bref : en mars 2023, le mouvement social et syndical débuté dix mois plus tôt, en juin 2022, reste d’une force, d’une ampleur et d’une diversité intactes. Les membres du syndicat de la communication (CWU), repère central de la mobilisation depuis des mois, ont revoté la grève à 96 pour cent avec une participation de 77 pour cent ; le syndicat des personnels de transports (RMT), autre acteur clé, a rejeté l’offre salariale de Network Rail et des entreprises ferroviaire et annoncé des journées de grève les 16 17, 18, 30 mars et 1 avril[1]. Au syndicat FBU (pompiers), la grève a été voté à 88 pour cent avec un taux de participation de 73%. Les syndiqués affiliés à Unite de la centrale électrique Drax ont annoncé neuf journées de grève sur février, mars et…

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Auteur: redaction