Russie : attendre que tourne la roue de l'Histoire

La première phase du mouvement antiguerre en Russie touche à sa fin, réprimée par la force. Dans ce dossier, nous abordons les enjeux de ces contestations, partageons les réflexions d’anarchistes russes sur les raisons pour lesquelles elles se sont heurtées à un mur, et présentons les traductions de quatre articles de groupes anarchistes et féministes russes qui explicitent leur opposition à la guerre, les défis qu’iels ont rencontrés et leur intention de continuer à aller de l’avant. Cet article a d’abord paru chez nos amis états-uniens de CrimethInc..

Pourquoi le mouvement antiguerre russe reste notre plus grand espoir

L’invasion de l’Ukraine n’aurait jamais été possible si le régime de Poutine n’avait pas passé les dix dernières années à écraser le moindre mouvement social en Russie – notamment en utilisant la torture pour arracher de faux aveux aux personnes détenues et en empoisonnant et emprisonnant les politicien⋅nes riva⋅les. De même, les interventions militaires de Poutine en Biélorussie et au Kazakhstan – sans parler de la Syrie – ont aidé les autocrates à maintenir leur contrôle sur ces pays ; l’Ukraine est le seul pays de ce que Poutine considère comme sa zone d’influence a avoir échappé à sa domination pendant la dernière décennie. Certain⋅es des anarchistes en Ukraine qui ont choisi de prendre les armes contre l’invasion russe sont des expatrié⋅es russes ou biélorusses qui craignent de n’avoir plus nulle part où aller si Poutine s’emparait de l’Ukraine.

Pourtant nous ne devons pas tomber dans le piège du récit occidental qui fait de cette situation un affrontement entre « le monde libre » et l’autocratie de l’Est. L’impérialisme militaire de la Russie nous concerne, car le modèle de répression russe n’est qu’une version de la même stratégie d’État à laquelle nous sommes confronté⋅es ailleurs dans le monde. Partout, les autorités s’appuient sur un maintien de l’ordre de plus en plus invasif et répressif pour contrôler les populations qui s’agitent. La guerre en Ukraine n’est que le dernier chapitre d’une histoire qui s’est déjà jouée en Syrie, au Yémen, en Éthiopie, au Myanmar et ailleurs. L’invasion de l’Ukraine correspond à la même stratégie que celle employée par d’innombrables gouvernements à l’intérieur de leurs territoires, appliquée à l’échelle géopolitique : le recours à la force brutale pour réprimer les résistances et étendre le contrôle.

La guerre exacerbe toujours le…

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Auteur: lundimatin