Hâtons-nous de lire cette phrase ; elle n’existe plus : « La France, qui aurait pu arrêter le génocide avec ses alliés occidentaux et africains, n’en a pas eu la volonté. » L’Élysée avait rendu public, jeudi 4 avril, cet extrait de l’allocution que Macron devait prononcer trois jours plus tard dans le cadre des cérémonies commémoratives du 30e anniversaire du génocide rwandais. Les mots n’étaient pas anodins. Las, trois jours plus tard, cette phrase, d’une importance capitale dans l’approche d’une vérité sur le rôle de Paris dans le génocide de 1994, avait disparu du discours présidentiel. Comme si les stratèges de l’Élysée n’avaient pas prévu qu’ils allaient provoquer la colère d’anciens caciques toujours influents au sommet de l’État et de l’armée.
On passait ainsi d’une reconnaissance de « responsabilité » à un quasi-aveu de complicité.
La bévue n’est évidemment pas seulement une erreur de communication. Elle révèle l’embarras qui persiste au moment de parachever l’écriture de l’une des pages les plus sombres de l’histoire de la fin du XXe siècle. La France aurait-elle pu éviter le génocide qui, entre avril et juillet 1994, a coûté la vie à un million de Rwandais, Tutsi dans leur immense majorité ? La phrase gommée répondait pour la première fois par l’affirmative. On passait ainsi d’une reconnaissance de « responsabilité » à un quasi-aveu de complicité, bien que ce dernier mot, synonyme de qualification juridique, ne fût jamais employé. C’était trop sans doute, tant la vérité est douloureuse. Avec le temps, les langues pourtant se délient, et les témoignages directs, provenant souvent de militaires, se multiplient.
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Auteur: Denis Sieffert