Saboter, négocier, se faire élire, manifester… toutes les luttes comptent


L’heure serait-elle enfin à l’archipélisation ? Après des années à chercher l’unité à marche forcée ou, à l’inverse, à refuser tout dialogue entre formations, la Nupes tente donc le pari de l’union dans les urnes, tout en acceptant les singularités en son sein et en conservant des groupes distincts à l’Assemblée. On peut lever les yeux au ciel en dénonçant l’opportunisme électoral, on peut gloser à l’envi sur les revirements stratégiques, mais on peut surtout se féliciter de ce qui ressemble à un véritable saut de maturité, même si chacun pressent que la pérennité de cette formation dépendra directement de sa capacité à offrir un débouché électoral.

Pendant ce temps, sur des enjeux moins volatils, on assiste à un autre mouvement de fond sur le terrain, où causes environnementales et mouvements autonomes croisent leurs fils et tissent des réseaux. C’est un bruissement nouveau qui résulte des échos mêlés des ailes des mésanges, de la houe traçant un sillon, du stylo qui griffonne des idées et des foules qui grondent. Naturalistes, paysannes et paysans, chercheurs, autrices et activistes se retrouvent de plus en plus fréquemment autour d’actions et d’axes de réflexion communs. Cette accélération, me semble-t-il, relève de l’archipélisation, qui pourrait signer la fin des anathèmes et des cloisons, l’émergence d’un pragmatisme de situation et d’une stratégie de fédération.

J’ai souvent dit, sous forme de boutade, pour illustrer ce que j’entendais par « archipéliser nos îlots de résistance », que je rêvais de voir un jour des black blocs aux procès des décrocheurs de portraits et des Colibris au chevet de Gilets jaunes mutilés. Mais dans les différentes galaxies de l’écologie sociale, nous n’avons pas toujours de vécu commun face aux violences policières, pas les mêmes contraintes matérielles, pas les mêmes possibilités d’action ni de culture politique partagée. Et la logique intrinsèque des réseaux sociaux ne nous aide pas, qui incite par le pouvoir des algorithmes à la lucrative polémique et aux postures d’indignation. L’heure est au conflit survalorisé et je ne parle même pas du pouvoir de séduction du romantisme révolutionnaire ou du jugement de purisme qui nous pendent toujours au nez.

Dans ce contexte, les conflits ont été âpres entre véganisme et élevage paysan, entre « intellos », « bobos » et activistes, entre militants « déters » et non-violence, entre les partisans de l’action directe et ceux qui…

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Auteur: Corinne Morel Darleux Reporterre