Grimper en haut du plateau de Beauregard, à 1 741 mètres d’altitude, sur les hauteurs de la station de La Clusaz (Haute-Savoie), c’est bénéficier d’un splendide panorama sur le massif des Aravis et sur le majestueux mont Blanc. Cette vaste prairie, où l’on peut croiser des chamois, des renards voire le rare tétras-lyre, est aujourd’hui menacée par les pelleteuses qui vont y construire une retenue collinaire. Un réservoir d’eau pour abreuver les canons à neige et maintenir le manteau neigeux de la station, chaque année plus fragile sous l’effet du dérèglement climatique. La mairie assure que cette retenue d’une capacité de 150 000 m3, la cinquième de la commune, permettra également de sécuriser l’alimentation en eau potable.
Mais les opposants, réunis au sein de l’association Nouvelle Montagne, s’indignent du « saccage d’un sanctuaire de biodiversité ». Sur le site de leur pétition, qui a récolté quasiment 50 000 signatures, ils rappellent que le site est classé Natura 2000 et que cette retenue collinaire mettra en danger l’équilibre hydrologique et détruira des écosystèmes, lieu de vie de sept espèces d’oiseaux.
L’Autorité environnementale a souligné l’absence ou l’insuffisance d’études concernant les prélèvements en eau et leurs conséquences environnementales. Et France Nature Environnement Haute-Savoie (FNE) a déploré « un nouveau projet à rebours des préoccupations générées par le changement climatique ».
Le plateau de Beauregard menacé par la construction d’une retenue collinaire.
La mairie de La Clusaz a demandé une dérogation pour destruction et altération d’habitats protégés. « En réalité, nous déplaçons ces zones de nature, nous ne les détruisons pas. Et quand on nous demande de compenser cinq hectares, nous en compensons six », explique l’adjoint au maire dans une interview à L’Essor savoyard. L’élu assure que 80 % des visiteurs viennent ici pour skier. Difficile de se priver d’une telle manne financière. « Cette retenue permettra donc de financer la diversification. Nous n’avons pas la capacité financière pour changer d’activité du jour au lendemain », poursuit-il.
Un paradoxe dénoncé par les opposants. « En construisant la retenue, ils vont pérenniser l’industrie du ski. Ce n’est pas ainsi qu’ils iront vers la transition », explique à Reporterre Laurent Hatchadour, membre du collectif Fier-Aravis et de l’association Nouvelle Montagne.
Multiplication des retenues collinaires
Maintenir à tout…
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Auteur: Laury-Anne Cholez (Reporterre) Reporterre