Saint Valéry admis au paradis des progressistes

Éditorial de décembre 2020

Rarement cité parmi les anciens présidents préférés des Français dans les enquêtes d’opinion chroniques consacrées au sujet, peu enclin à provoquer, par son seul nom, une charge émotionnelle particulière, Valéry Giscard d’Estaing a pourtant recueilli dans les heures qui suivirent l’annonce de son décès, panégyriques et dithyrambes. La disparition de l’ancien Président de la République (1974-1981) vérifie et valide une fois encore le constat de Georges Brassens devenu axiome : « Les morts sont tous des braves types ! ». Évoquer l’héritage giscardien, c’est immanquablement saluer le « modernisateur », l’homme qui abaissa la majorité civique de 21 à 18 ans, qui introduisit le divorce par consentement mutuel et légalisa l’interruption volontaire de grossesse. Ce fut aussi – cela est rappelé jusqu’à la Une dFigaro – un maître d’œuvre significatif du projet européen, de la création du Conseil des chefs d’États et de gouvernement (1974) à la rédaction du (calamiteux) Traité établissant une Constitution pour l’Europe (2004).  

L’héritage politique de « VGE » ne mérite sans doute pas d’être voué aux gémonies, compte tenu de ce que la suite de l’histoire de la Ve République a réservé. Il ne mérite pas davantage cette cataracte d’éloges après quarante années d’indifférence polie de la part de médias qui le louent désormais. Giscard, en effet, n’était jamais parvenu à faire oublier sa défaite cuisante, le 10 mai 1981, face à François Mitterrand, ni à valoriser son bilan à la tête de l’État. Mais les hommages vibrants de la classe politique et des éditorialistes, pour ceux qui ne sont pas tout bonnement hypocrites, en disent long sur ce que représente, avec le recul, Valéry Giscard d’Estaing.

Élu à la tête de l’État à 48 ans, ce polytechnicien sportif, aux allures aristocratiques, a travaillé son image…

Auteur: Pierre-Henri Paulet
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