De la mobilisation contre la méga-bassine de Sainte-Soline, organisée le week-end des 25-26 mars, les téléspectateurs de BFM-TV n’auront appris (et vu) qu’une chose : des « éléments radicaux » ont fait preuve d’une extrême violence contre la police. Médiatisés de manière totalement disproportionnée pour satisfaire l’appétit d’une rédaction en mal de guerre télévisée, les affrontements ont fait la Une. Du matin au soir, le prisme sécuritaire fut ainsi hégémonique (au détriment d’autres cadrages et d’autres informations) et le point de vue préfectoral, écrasant, décliné sous tous les formats et télégraphié par l’immense majorité des intervenants à l’antenne : experts, présentateurs, consultants et journalistes « police-justice », porte-parole des institutions coercitives (préfète des Deux-Sèvres, ministre de l’Intérieur, syndicalistes policiers, lieutenant-colonelle de la gendarmerie, etc.) et même certains envoyés spéciaux.
Préparer les esprits au « chaos inévitable »
Branchée sur la communication préfectorale, l’antenne de BFM-TV avait dûment retranscrit, la veille, les récits alarmistes des autorités. À 20h, alors qu’à Melle les opposants aux méga-bassines se regroupaient autour de tables rondes consacrées à la défense de l’eau et autres enjeux environnementaux, BFM-TV recevait la préfète des Deux-Sèvres, Emmanuelle Dubée, et, avec elle, préparait les esprits aux « chaos ». La présence de cette dernière était presque superflue tant la présentatrice, Perrine Storme, lui mâchait le travail en évoquant une « mobilisation redoutée », une « manifestation classée à haut risque », un « dispositif de sécurité qui a été doublé […] par rapport à la précédente manifestation en octobre dernier » et de « très gros moyens qui sont déployés pour ce week-end ». Aussi la préfète put-elle, en toute quiétude, justifier un « dispositif [policier] proportionné aux risques de violences » sans rencontrer le début du commencement d’une contradiction de la part de la journaliste.
Plus tôt dans la journée, BFM-TV avait évidemment réservé une place de choix à la déclaration d’Emmanuel Macron lors du Conseil européen à Bruxelles : « Nous ne céderons rien à cette violence. En démocratie, on n’a pas le droit à la violence. » Une prestation qui fit l’objet d’une reprise de dépêche AFP sur le site de BFM-TV – « Méga-bassines : des « équipements d’une rare violence » saisis avant la…
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Auteur: Pauline Perrenot Acrimed