Salmonelle : comment la réglementation conduit à de la maltraitance animale et à la fin des œufs plein air

« Les éleveurs qui aiment leurs animaux ne peuvent rien faire d’autre que les massacrer. » Chantal Maurin ne décolère pas. Avec son mari, elle élève des poules pondeuses en Haute-Loire depuis quinze ans. Leur vie bascule en octobre 2021. Les services vétérinaires les informent que leur élevage est positif à la salmonelle, une bactérie pouvant provoquer des infections alimentaires. Le couperet tombe : le couple doit abattre son élevage.

Chantal et Christian Maurin, co-fondateurs du collectif Ponte 43

Ces éleveurs témoignent dans une vidéo de l’aberration de la « réglementation salmonelles en poules pondeuses ».

© Les Ecologistes – Conseil régional Auvergne Rhône-Alpes

« Par mesure de précaution, les autorités exigent la destruction des œufs, des poules, des aliments, explique l’éleveuse. Il n’y a pas de contre-expertise, il faut abattre, soit en piquant dans la tête des poules pour les endormir, soit en les étouffant nous-mêmes. On n’a aucun recours, aucun accompagnement. »

Chantal Maurin est loin d’être un cas isolé. Émilie Buisson, jeune éleveuse dans la Loire, témoigne elle aussi de son traumatisme. Deux semaines à peine après avoir commencé son élevage de 1500 poules pondeuses en plein air, les services vétérinaires l’informent que ses animaux sont contaminées. Elle appelle des abattoirs, mais aucun n’accepte de tuer ses poules.

« J’ai dû les tuer une par une, à la main, et faire venir ensuite l’équarrissage », témoigne-t-elle. Il lui faut ensuite passer le bâtiment à la soude, trois fois, pour être conforme aux exigences sanitaires. Depuis, l’angoisse la taraude. « À chaque prélèvement, je perds deux kilos, je ne dors pas pendant deux semaines. » 

Des analyses réalisées sur les fientes, pas sur l’œuf

Que dit la réglementation ? La loi oblige depuis 2008 les éleveurs de plus de 249 poules à effectuer régulièrement des prélèvements dans l’environnement pour la recherche de salmonelle. Ces prélèvements ont lieu tous les deux mois et demi, non pas sur la poule ou l’œuf, mais sur les fientes et les poussières récoltées à l’intérieur du bâtiment dans lequel pondent les poules.

« Pourquoi faire ces prélèvements sur l’environnement ? interroge Chantal Maurin. Les salmonelles sont des bactéries. Les souris, oiseaux, insectes, reptiles, animaux de compagnie, petits rongeurs en sont porteurs. On en retrouve dans la terre, les poussières… Et nos bâtiments sont en contact avec cet environnement. »

Pour…

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Auteur: Sophie Chapelle