Saloperie capitaliste du jour : exploiter le tricot des grands-mères

Ma grand-mère tricote. Toute la journée, elle tricote de belles écharpes pour ses nombreux enfants et encore plus nombreux petits enfants, et maintenant pour ses arrières petits-enfants. Elle nous aide tous à passer l’hiver, en particulier ceux qui travaillent à l’extérieur (la famille compte plusieurs agriculteurs et vendeurs sur les marchés.) Rien ne lui fait plus plaisir que de recevoir des photos de nous, emmitouflés dans ses créations. Mais ça, c’est d’un autre âge pour les avant-gardes de la société libérale que le macronisme promeut : lundi 20 mars, sur la chaîne BFM Business, la patronne de la marque « Les mains de mamie » venait promouvoir, face à des journalistes charmés, son « business model », à savoir faire travailler des grands-mères (âge moyen : 68 ans, précise-t-on) pour sa marque de tricot.

Concrètement, ces femmes retraitées prennent le statut d’auto-entrepreneuses (merci Sarkozy pour sa création et Macron pour son extension), reçoivent des commandes de l’entreprise, les produisent selon des normes prédéfinies puis, une fois le travail fait, sont rémunérées 30 % du prix de la pièce vendue. Vous avez bien lu : 30 % ! Plus de deux tiers du fruit de leur travail leur est volé par l’entreprise qui, comble du cynisme, base tout son marketing sur l’authenticité d’un pull (prix : 170 €), réalisée par de « vraies grands-mères ». Pire, la patronne vante « le lien intergénérationnel » que son entreprise permettrait.

Concrètement, ces femmes retraitées prennent le statut d’auto-entrepreneuses, reçoivent des commandes de l’entreprise, les produisent selon des normes prédéfinies puis, une fois le travail fait, sont rémunérées 30 % du prix de la pièce vendue

À BFM Business, on n’est pas des gauchistes, mais on a le sens de la justice sociale : « Moi j’imagine un atelier avec 100 mamies en train de tricoter »… Non, ouf, elles sont chez elles ! Comme les ouvrières de l’industrie textile au milieu du 19e siècle !

« Mais du coup, c’est plus une sorte d’association (…), une volonté d’aider ou c’est un vrai business ? » s’inquiète la journaliste de BFM Business, qui a peur d’avoir invité par erreur une…

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Auteur: Rédaction Frustration Mag