Samudaripen, le génocide des Tsiganes

Historienne, Claire Auzias a consacré une série d’ouvrages au sort des Tsiganes, ceux-là même qui furent fichés par toutes les polices, traqués de tout temps, et exterminés en nombre par les Nazis. Plusieurs centaines de milliers (peut-être 500 000 ? les chiffres évoluent sans cesse) sont morts dans les camps durant la période la plus funeste. Pour cette troisième édition de Samudaripen, elle a reconsidéré l’ensemble de ce panorama des atrocités, y faisant entrer pêle-mêle les découvertes les plus récentes en ce domaine, passant en revue les pays d’Europe et leurs politiques racistes et anti-roms au temps de la seconde guerre mondiale. Ci-après quelques paragraphes en guise de survol de cet essai documentaire, pour un aperçu d’une tragédie encore trop peu entrée dans les consciences.

Mudaripen, c’est le mot « meurtre » en langue romani, et sa, c’est le pronom indéfini qui signifie « tout ». Samudaripen n’a pas «  le sens grec d’holocauste, ni le sens hébreu de Shoa. Mais il indique, dans la langue spécifique du peuple qui a subi ce meurtre de masse, tous ces sens à la fois. C’est le génocide des Tsiganes, mais aussi le génocide de Tsiganes est des autres. » 

Dans Mein Kampf Hitler insiste sur le fait que le peuple juif n’est pas un peuple nomade, le nomadisme correspondant en fait à une inscription dans le territoire, « territoire mouvant » en l’occurrence, où l’on se déplace en fonction de possibilités de survivre à tel ou tel endroit, et donc évoluant selon la fertilité des sols et ce qu’ils offrent de pacage, de moyen de subsistance, tandis que, selon le délire antisémite, le peuple juif ne peut se résumer qu’à son parasitisme.

Même si aucune référence à eux n’apparaît dans l’ouvrage propagandiste du futur dictateur, pour l’idéologie hitlérienne, ou même pré-hitlérienne, pas plus que les Juifs, les Tsiganes n’étaient considérés comme dignes de l’Allemagne et de sa jolie race arienne. Et assurément les Tsiganes étaient tout aussi réfractaires au « travail », à la technique, à tout ce qui permet la maîtrise d’un territoire.

Ce qui est sûr, c’est que, sous le régime nazi, le sort des Tsiganes ne fut pas meilleur que ceux des Juifs. Pour autant, Shoah ou Samudaripen sont-ils exactement des équivalents, faut-il les inscrire dans un même génocide ou les distinguer l’un de l’autre ? Le débat a lieu entre historiens. Et en Roumanie, par exemple, c’est une même commémoration qui vaut pour l’holocauste des…

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Auteur: dev