Samuel Paty et l'Arabie saoudite — Philippe ARNAUD

Il s’agit, bien entendu, de l’affreux assassinat de Samuel Paty, ce professeur d’histoire décapité par un terroriste salafiste. Tout le monde a parlé des parents d’élèves sympathisants islamistes qui ont exigé des sanctions à l’encontre de Samuel Paty (pour irrespect envers le Prophète), d’imams qui ont soufflé sur les braises, de mosquées qu’on va fermer, de « fichés S » qu’on va expulser, de réseaux qu’on va surveiller, d’associations qu’on va interdire, etc. Or, dans cette avalanche d’indignations, un nom a brillé par son absence : celui de l’Arabie saoudite.

1. L’Arabie saoudite, en effet, est le pays qui assure encore les approvisionnements en pétrole de l’Europe et d’une bonne partie du monde. C’est aussi le pays qui, depuis longtemps, a été instrumentalisé par les Occidentaux pour lutter contre les mouvements communistes en pays musulman, ou les nationalismes de ces pays, qui, parfois, recevaient l’appui de l’URSS. On pense en particulier au plus célèbre d’entre eux, Gamal Abdel Nasser, le président égyptien. Ce dernier, de 1962 à 1970, soutint les républicains du Yémen du Nord qui avaient renversé le roi du Yémen. Et ce dernier, en retour, reçut (déjà !) l’aide de l’Arabie saoudite.

2. L’Arabie saoudite, tout au long de la guerre menée par les Soviétiques en Afghanistan, finança les moudjahidines afghans, et contribua également à recruter des volontaires arabes pour combattre les ennemis athées de Kaboul. C’était l’époque où les journaux occidentaux et les intellectuels médiatiques ne tarissaient pas d’éloges sur les « combattants de la liberté » afghans. [Il est vrai qu’on n’était pas loin de la déliquescence de l’URSS, ce qui donnait du tonus à la propagande anticommuniste]. En 1992, après le retrait de l’Armée rouge, Mohammed Najibullah, le dernier président afghan prosoviétique et son frère, qui s’étaient réfugiés dans un bâtiment de l’ONU, en furent tirés – illégalement – par les moudjahidines et abominablement lynchés. Mais on n’a pas souvenir qu’à l’époque les médias français de grande diffusion s’en fussent émus…

Auteur: Philippe ARNAUD Le grand soir
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