Sandrine Rousseau : « Désobéissons ! »

Alors que l’affaire Julien Bayou reste ouverte, Reporterre s’est entretenu avec la députée (Nupes-EELV) de la 9e circonscription de Paris, à l’heure où l’écoféminisme qu’elle défend subit diverses attaques.

Écoutez l’entretien complet de Sandrine Rousseau, invitée de Reporterre :

Reporterre — Sandrine Rousseau, vous subissez depuis plusieurs semaines des attaques virulentes. Pourquoi, selon vous ?

Sandrine Rousseau — Je dis que le système sert à quelques-uns, et qu’il faut en prendre conscience pour pouvoir le modifier. Et ça, c’est insupportable. Le système se défend.

« Quelques-uns », de qui s’agit-il ?

Ceux qui utilisent la prédation, la destruction, l’extraction pour s’enrichir indépendamment des conséquences que cela a pour tout le monde. Aujourd’hui, il est indispensable de changer de système. L’idée qu’on fera une transformation écologique d’ampleur avec juste des techniques supplémentaires, ça n’est pas à la hauteur et c’est ultra dangereux. C’est même un nouveau climatoscepticisme. Il faut donc nous interroger sur nos rapports sociaux, faute de quoi on ne prendra pas le virage nécessaire.

Vous n’êtes pas attaquée pour ce que vous dites à propos des hyper-riches, mais parce que vous prenez position sur le féminisme et sur le refus des violences sexuelles ou sexistes.

Sur une radicalité écolo aussi. Les deux suscitent cela. La société que nous connaissons aujourd’hui s’est construite sur un non-dit qui est que les hommes, et particulièrement les hommes puissants, peuvent avoir accès au corps des femmes pour la reproduction de la force de travail, mais aussi pour leur plaisir. Cet impensé entraîne une espèce de droit à disposer des autres. Eh bien, c’est le même raisonnement qui dit que la puissance et l’enrichissement entraînent un droit à disposer des animaux, de la nature, à détruire sans interrogation des responsabilités sur les conséquences.

Si l’on veut refaire une société qui respecte les limites de la planète, il nous faut regarder nos responsabilités à la hauteur de ce qu’elles sont et trouver une autre manière d’exister ensemble. Tout le monde est responsable, mais pas à la même hauteur. Une femme éthiopienne n’a pas la même responsabilité qu’un Elon Musk [PDG de SpaceX], les personnes les plus pauvres n’ont pas la même responsabilité que les plus riches.

Est-ce que dans l’« androcène », le mot que vous employez pour désigner la période où les hommes dominent les femmes, tous les hommes sont…

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Auteur: Hervé Kempf Reporterre