Sandrine Rousseau : « On a besoin d'une radicalité écologique »

Reporterre publie chaque jour de la semaine le portrait et l’interview de l’un des cinq candidats à la primaire des écologistes, dont le premier tour se déroule du 16 au 19 septembre et le second du 25 au 28 septembre, en vue de la présidentielle de 2022. L’ordre de passage a été tiré au sort.


Reporterre — Quelles sont les trois premières mesures qu’il faudrait prendre pour enrayer la crise climatique et la sixième extinction des espèces ?

Sandrine Rousseau — Un revenu d’existence, une réduction du temps de travail et un prix élevé du carbone. Un revenu d’existence permet d’augmenter la situation des plus faibles, et par conséquent de faire accepter un prix du carbone élevé. Pour le financer, on a besoin d’une réforme fiscale. Cela diminue le revenu des plus riches, c’est quelque chose de redistributif qui a des effets positifs sur les humains. La réduction du temps de travail permet de partager le travail, retrouver du temps pour soi et faire en sorte qu’on reprenne goût à la nature, aux loisirs et qu’on sorte d’une société de consommation. Enfin, le carbone est ce qui nous met le plus en danger aujourd’hui et c’est pourtant la chose la plus gratuite qui existe. Il nous faut un prix élevé du carbone. Les économistes disent qu’il faudrait atteindre en cinq ans une tarification entre 200 et 250 euros la tonne.

Pour enrayer la sixième extinction des espèces, il y a l’enjeu d’inscrire dans notre Constitution, dans notre droit, la préservation de la nature en tant que telle. Cela passe par la définition d’un crime d’écocide ; aussi par le fait de réserver une partie de notre territoire à de la nature sauvage, totale, complète, indépendante de toute action humaine. J’évoque toujours le chiffre de 10 % du territoire français. Aujourd’hui il y a très peu d’espaces vierges, tout est colonisé par l’Homme. Si on souhaite construire, on peut le faire sur des parkings, sur tout ce qu’on a dégradé. Il y a plein d’autres choses à faire pour la biodiversité, mais la définition de la nature dans le droit, le respect des espaces vierges, l’arrêt de l’artificialisation et la sortie des pesticides, ce serait déjà pas mal.

La transition énergétique ne se fera pas sans action sur les économies d’énergie, angle mort des politiques. Quelle mesure prendre pour la sobriété énergétique ?

La première des mesures, c’est l’accompagnement du changement des systèmes de production : si on fixe le prix de la tonne de carbone à 200 euros, on a des…

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Auteur: Justine Guitton-Boussion (Reporterre) Reporterre