Sanglots longs et carottes cuites

Contrairement à ce qu’on pourrait frivolement penser, on a de la chance. Parce qu’en plus du reste, on pourrait avoir une ministre de la culture retorsement réservée, voire agile à botter en touche devant un choix à répercussion médiatique, ce ne serait pas une première. Or, merveille, Madame Bachelot est d’une franchise, d’une spontanéité rafraîchissante.

À propos de la querelle qui divise ceux que le sujet intéresse, la demande de panthéonisation de « Verlaine et Rimbaud », elle a un point de vue simple, direct, intrépide : « le fait de faire entrer ces deux poètes qui étaient amants, ensemble, au Panthéon, aurait une portée qui n’est pas seulement historique ou littéraire, mais profondément actuelle ! » (Le Point, 9 septembre).

Allez, restons simple, ce qui importe, ce qui rend l’affaire aussi « actuelle », c’est qu’ils étaient « amants ». C’est trop touchant.

C’est bien ce que confirme la demande de panthéonisation couplée, signée par tous les ex-ministres de la culture disponibles, et des politiques, et des écrivains, et Michel Onfray, et Line Renaud, qui avance des arguments que tous ces amoureux de la poésie semblent avoir trouvés frappants : ces « deux poètes majeurs » sont « deux symboles de la diversité », qui ont dû « endurer l’homophobie implacable de leur époque. Ils sont les Oscar Wilde français ».

Allons bon… Passons passons, il semble inutile de s’attarder sur les différents points de la demande, sinon pour le plaisir de s’ébaudir. L’argument dit « politique » en particulier est un bonheur : « C’est dans l’œuvre de Verlaine que l’on a puisé en 1944 le message annonçant le débarquement en Normandie à…

Auteur : Evelyne Pieiller
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