Sans crier gare, des convois radioactifs traversent les centres-villes

Lyon (Rhône), correspondance

« C’est une logique très datée, mais nous avons encore des trains de déchets nucléaires qui traversent le centre-ville lyonnais. » Nicolas Peyrard, coordinateur de la Fédération des associations d’usagers des transports (Fnaut) Auvergne-Rhône-Alpes, marque un temps, afin de laisser l’auditoire s’imprégner de l’information. « Vous ne le saviez pas ? Nous n’avons pas de voie de transit périphérique, donc tous les trains de fret passent par la gare Part-Dieu. » Des convois de déchets radioactifs au cœur d’une métropole française. L’image semble aberrante. Elle tient pourtant de l’ordinaire.

Par les rails comme par les routes, la logistique de l’industrie nucléaire alimente en combustible les cinquante-six réacteurs du parc français, puis en exfiltre les déchets vers le centre de retraitement de La Hague (Manche). Soit 19 000 transports par an, chiffre l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) dans son rapport sur la sûreté nucléaire et la radioprotection en France en 2020, convoyant 114 000 colis radioactifs sur des axes très fréquentés.

Le cycle des combustibles nucléaires débute par l’approvisionnement en uranium. Le minerai débarque au Havre, sous la forme de yellow cake, une poudre jaune radioactive notamment extraite au Niger, au Canada et en Australie ; plus rarement arrivée par trains de Russie, où est transformé l’uranium du Kazakhstan. Après une première altération chimique à l’usine Orano Malvési, en périphérie de Narbonne, le combustible est envoyé à Pierrelatte (Drôme), où il est transformé en hexafluorure d’uranium (UF6), puis rejoint Romans-sur-Isère (Drôme), avant d’être distribué vers les dix-huit sites nucléaires français. Une fois usé et hautement radioactif, le combustible prend le train, direction Valognes, à une trentaine de kilomètres de La Hague, puis traverse les derniers kilomètres à dos de camion. À l’usine Orano de La Hague, le combustible usé est décomposé en différents types de déchets, à divers degrés de radioactivité. Le plutonium est envoyé sous escorte à l’usine Orano Melox, dans le Gard, pour y être transformé en combustible MOX (mixed oxides). L’uranium de traitement, lui, va à Pierrelatte.

Au total, parmi les 19 000 transports par an (principalement routiers et ferroviaires) liés à l’industrie nucléaire, environ 3 000 sont des transports à très forts enjeux de sûreté : 2 000 transports en provenance ou à destination de l’étranger, environ 450 de…

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Auteur: Moran Kerinec Reporterre