Sans dehors, pas de communisme

Il aura fallu lutter contre deux fronts. La transcendance avec ses arrières mondes, ses essences et ses Dieux. L’immanence avec son désir d’absolutisme, son déterminisme, son en soi et son humanisme. Il aura fallu lutter contre deux épuisements. L’épuisement de l’ontologie, l’épuisement de la politique. Il aura fallu trouver une poussée, une pulsion. Il fallait que quelque chose ait lieu. Que le rien soit ouvert sur lui même pour que rien existe.

Il aura fallu lutter contre l’équivalence, l’interconnexion généralisée de tout avec tout. Il aura fallu conjurer la transformation du singulier en particulier et la transformation du rapport en réseaux. Il aura fallu déjouer les oppositions entre philosophie et anti-philosophie. Il a fallu re-commencer, trouver un dehors.

’Ce qui est premier ce n’est pas le principe, l’arché que l’on dénicherait au point le plus reculé du temps comme au sommet le plus éloigné de la hiérarchie des êtres, c’est l’existence. C’est l’existence qu’il s’agit de penser d’abord et avant tout.’

Et d’abord ce qui existe n’existe pas seul. C’est toujours avec. L’existence co-existe. Parce que l’existence est un écart qui l’ouvre au monde, qui la met en rapport, qui la fait exister. Une déchirure à même l’immanence. Un dehors dedans.

Ainsi déjà, de ceci, nous comprenons que le dehors n’est pas supra-extériorité et le dedans n’est pas clôturé sur lui-même. L’immanence est déchirée et l’existant est transi par la liberté, une liberté qui dissout toute essence. La liberté absout l’être dans le partage de l’existence. Elle est déchainement, il n’y a de chose que par elle.

Autrement dit, tout commence par la position originaire d’un au-dehors, d’une ex-position qui fait que l’être est toujours plus qu’un (ouvert, en excès) et plus d’un (jamais seul, en rapport, avec, en co-présence). Le communisme est donc premier, il est déjà là, il n’est pas à faire, il n’est pas un projet. Sauf à vouloir avec lui produire une essence, une essence de l’homme, par exemple. Tel a été sa tentative, son échec, son erreur, sa forclusion.

Non, l’enfer ce ne sont pas les autres qui empêchent l’être d’advenir. La liberté n’est pas l’essence, l’identité à produire. L’enfer, c’est la clôture, et, la liberté, c’est la pulsion, la poussée qui sans cesse fait advenir des singularités à même ce qui ne peut jamais être totalement clôturé, fini. Sans dehors, sans ouverture, il n’y a rien, rien que…

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Auteur: lundimatin