Saturés… ça tuerait

Nos lectrices et lecteurs connaissent Kamel Daoudi, plus vieil assigné à résidence de France. Le 22 juin dernier, la cour d’appel de Paris examinait une requête en relèvement de son interdiction définitive du territoire français (IDTF), il s’agissait ni plus ni moins d’évaluer le sens de son assignation à résidence qui dure depuis 14 ans au vu de sa situation actuelle et de sa volonté farouche de vivre auprès de sa femme et de leurs 4 enfants. Sa peine de 2005, c’est-à-dire d’il y a 17 ans, était apparue suffisamment absurde à la cour de cassation pour qu’elle fasse droit à cette audience. Comme elle s’est déroulée à huis-clos, seulement des bribes ont pu être rapportées au public. On a dit, dans les couloirs du Palais, que le Parquet, c’est-à-dire au final, le Ministère de l’Intérieur, n’avait tellement plus rien à reprocher à M. Daoudi pour justifier son enfermement à ciel ouvert par-delà une peine déjà accomplie, qu’il lui a fallu inventer de toute pièce une affiliation à… l’ultra gauche. Comme quoi, on peut s’endormir baptisé islamiste radical et se réveiller islamo-ultra-gauchiste, mais toujours radical. Il suffit pour cela d’avoir tweeté son soutien à Nantes Révoltée, d’avoir signé une pétition pour la fin du régime d’isolement d’un militant ayant combattu au Rojava ou d’avoir demandé à être hébergé la veille du procès dans l’appartement d’une rédactrice de lundimatin. Il se disait, dans les couloirs du Palais, qu’en se fourvoyant à un tel extrémisme de la bêtise, le parquet et donc le ministère de l’Intérieur, concédaient qu’ils étaient arrivés au bout de ce que la mauvaise foi permet et de ce que la raison tolère. Reste à savoir si les juges s’en seront aperçus. Et Dieu sait qu’il en faut du courage pour assumer les erreurs et les errances de toute une institution. Ils ont en tout cas annoncé qu’il leur faudrait trois mois de tergiversations, le délibéré sera rendu le 21 septembre. En attendant, M. Daoudi et sa femme ont rédigé ce billet. Comme s’il fallait toujours rappeler que ce que les institutions broient, ce sont toujours des femmes, des hommes, des enfants et ce qui les lie.

J’ai passé la journée à zoner dans l’espace réel où je suis confiné et le cyberespace où j’ai l’illusion d’avoir un peu plus de liberté. Presque quinze ans d’une vie dictée par une administration dans des lieux et avec des conditions encore plus délétères, ont écorché ma pugnacité et ma joie de vivre. Ce…

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Auteur: lundimatin