Sauver les baleines ou les pêcheurs de homards ? Le dilemme du Canada

Montréal (Canada), correspondance

Dans l’Atlantique nord, il reste un peu plus de 350 baleines noires (Eubalaena glacialis, contre près de 500 il y a quinze ans), dont moins d’une centaine de femelles reproductrices. On reconnaît ces reines des océans – aussi appelées baleines franches – grâce à leur corps entièrement noir, nageoires en pagaies, et bouche très arquée, qui leur donne l’air de n’être guère impressionnées par ce qui les entoure. En anglais, on les appelle les « right whales » (les bonnes baleines). Pourquoi ? Parce qu’elles étaient les bonnes baleines à chasser, puisqu’elles nagent très lentement…

Dire que l’espèce est en péril est un doux euphémisme. Chaque apparition de l’une d’elles est guettée. Alors, quand un spécimen est observé dans le golfe du Saint-Laurent, le Canada n’hésite pas : la pêche au homard est suspendue à cet endroit. Le 22 mai, le gouvernement a ainsi fermé la zone où l’une d’elles avait été aperçue le 17 mai, afin d’éviter qu’elle ne soit blessée par des bateaux ou leurs lignes.

Blessées par les engins de pêche

Chaque année, des baleines se prennent dans des filets et en ressortent blessées. Trente-deux baleines noires ont ainsi été meurtries en 2023, dont une trentaine qui s’était empêtrée dans du matériel de pêche, d’après l’aquarium de Nouvelle-Angleterre. Des études montrent d’ailleurs que les baleines noires mesurent en moyenne 1 mètre de moins que dans les années 1980, en partie puisqu’elles traînent malgré elles des filets de pêche pendant des mois, ce qui retarde leur croissance.

Mais les fermetures de zones de pêche pour protéger la baleine mettent à genoux l’industrie, selon le président de l’Union des pêcheurs des maritimes, Réjean Comeau. « Notre saison dure huit semaines. Un jour sans pêche, c’est 10 000 dollars de moins. Pour les jeunes qui ont de gros emprunts à rembourser, c’est…

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Auteur: Alexis Gacon