SCOOP

Alors ?

C’est toujours maintenant que nous vivons : pas hier ni demain.

Alors ?

« L’expérience du Royaume est donc l’expérience de la puissance de la parole. Ce que cette parole destitue est, avant tout, la langue. Il n’est pas possible, en effet, de déposer les pouvoirs qui dominent aujourd’hui la Terre sans déposer d’abord la langue qui les fonde et les soutient. La prophétie est la conscience de la nature essentiellement politique de l’idiome dans lequel nous parlons (de là, aussi, l’irrévocable pertinence de la poésie dans la sphère de la politique). » Giorgio Agamben- (Quand la maison brûle)

L’irrévocable pertinence de la poésie dans la sphère de la politique : est-ce une affaire de croyance ou de pensée ? Croire exigerait-il de renoncer à la pensée ? Penser exigerait-il de renoncer à la croyance ? Ou les deux seraient-elles indissociablement liées, ne pouvant se déployer l’une sans l’autre ?

La fée électricité avait disparu de la planète, on ne saura jamais pourquoi. Rien ne l’avait remplacé, comme si elle n’avait jamais existé, comme dans une de ces dystopies produites à la chaîne et destinées à distraire les humains de l’abjection du présent en envisageant un devenir pire de l’histoire humaine. Plus rien ne fonctionnait, des milliards d’objets désormais inanimés encombraient l’espace : les gigots pourrissaient dans les frigos, les poupées n’appelaient plus maman, les robots étaient paralysés, et ainsi de suite, la liste était interminable. Même Internet sonnait aux abonnés absents : on ne pouvait plus rien faire, ni travailler, ni communiquer, ni se distraire, ni se branler, ni rien. Le chaos était un troupeau de bisons fonçant dans une roseraie, dévastant tout sur son passage…

Les premiers à mourir avaient été les malades dans les hôpitaux, branchés à des machines qui ne leur permettaient plus de respirer. Puis les habitants des grandes villes avaient suivi, crevant de faim, ou des violences exercées par leurs semblables. Et ainsi de suite, comme un jeu de dominos, la société s’était écroulée. Probablement, nos survivants nommeront cette période La Grande Hécatombe. Car, depuis toujours, survivre étant l’occupation essentielle de l’humanité, comme de toute espèce, nulle inquiétude à avoir, il y aura des survivants. Et pour survivre, sans la cohésion toute relative assurée par la fée électricité, il fallait se battre, tuer souvent, massacrer parfois. Seuls quelques communautés isolées, quelques ermites voyant plus loin que le bout de leur nez et les prédateurs nés…

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Auteur: lundimatin