Se désintoxiquer

L’une annonce en grande fanfare sa résolution ; l’autre passe le livre à chercher le courage de renoncer. La première prévient qu’elle va procéder par uppercuts – et tient, sans faiblir, toute la longueur. La seconde prend l’occasion d’un voyage en train pour revenir sur un autre voyage, long, sinueux, douloureux.



Dans La chair est triste hélas, la réalisatrice et essayiste Ovidie annonce qu’elle arrête le sexe avec les hommes. Pauvre Folle, qui poursuit le travail d’auto-fiction de l’écrivaine Chloé Delaume, raconte l’histoire d’amour dans laquelle le personnage du livre Clotilde s’est lancé, à corps perdu, avec un homme.

A leur manière toutefois, que ce soit avec colère et force détails cliniques, ou bien en retravaillant le thème de la passion dévorante, les deux racontent des expériences singulières d’hétérosexuelles (ou à peu près) féministes. Aucune ne propose de leçon, encore moins de recettes pour gérer les dissonances cognitives que produit cet étrange statut : faut-il faire sans les hommes quand on les tient – collectivement – en si piètre estime, ou alors faire avec, ou avec certains, pour ne pas renoncer à l’amour ? De l’amour justement, faut-il en faire le deuil ou le réinventer ?

Elles racontent. La première a décidé de se retirer du marché de la sexualité. Finis les viols, les humiliations, toutes les violences et la charge mentale qu’exige le fait de participer à ce jeu au final si peu joyeux, et éreintant quand on veut s’y maintenir après quarante ans. Clotilde pense avoir trouvé l’âme sœur en la personne d’un homme gay et vit tout ce qui fait l’amour romantique : le coup de foudre, les tourments de l’attente, les délices des retrouvailles, l’intensité des échanges épistolaires, et l’inévitable dépendance. Il s’avèrera que, malgré une résolution proche de celle d’Ovidie, elle repartira pour un tour avec cet homme, dont son…

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Auteur: Sylvie Tissot