Sécessionistes et gros pollueurs, les riches sont les séparatistes de la République

Raphaël Pradeau est professeur de sciences économiques et sociales, et porte-parole d’Attac France. Cette tribune a d’abord été publiée sur le site d’Attac le 21 septembre.


La situation sanitaire se dégrade, les plans sociaux se succèdent, les inégalités et la pauvreté augmentent, le dérèglement climatique montre chaque jour ses effets… mais Emmanuel Macron et son gouvernement préfèrent stigmatiser les immigrés et les personnes de confession musulmane, et pointer du doigt les « séparatistes ».

Or, qui sont les vrais séparatistes ? Une multitude de travaux montrent qu’aujourd’hui ce sont les très fortunés. Qui font sécession du reste de la société à la fois spatialement, fiscalement, économiquement et sur le plan écologique.

De nombreux travaux sociologiques mettent en évidence un processus de ségrégation résidentielle par le biais du prix élevé des habitations dans les quartiers favorisés, qui permet un voisinage homogène, recherché notamment pour la socialisation des enfants. Dès 2004, l’économiste Éric Maurin mettait en évidence une « ghettoïsation par le haut » : les cadres supérieurs « s’accaparent désormais des pans entiers de l’espace urbain, notamment les centres-villes, les beaux quartiers et les zones les plus proches des principaux équipements ».

« Une des formes extrêmes de la ségrégation territoriale » 

Les sociologues Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot estiment même qu’« aucun autre groupe social n’est ainsi confiné dans un ghetto, doré et volontaire », parfois véritable hameau totalement privé, comme la villa Montmorency, dans le XVIe arrondissement parisien.


L’entrée de la villa Montmorency, à Paris.

Des analyses que confirme l’Insee.

Cela conduit à une perte de mixité sociale. Et même, pour l’économiste Éric Maurin, à l’« une…

Auteur : Reporterre
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