Sécheresse à Madagascar : « On meurt de faim et de soif »

Androy (Madagascar), reportage

La frêle silhouette et les tresses défraîchies de Moraree se perdaient dans la foule alors qu’elle s’installait sous les tonnelles rafistolées du Programme alimentaire mondial (PAM). Comme chaque jour, quelques piquets en bois, surmontés de larges bâches bleues et rouge délavé abritaient de longues files d’attente. Disciplinée et attentive aux consignes, Moraree a soigneusement remis sa carte d’identité indiquant « née vers 1950 » et son QR code dans une poche enfouie sous ses jupons usés. Ces précieux sésames lui ont permis de recevoir de l’organisation humanitaire 22 euros par mois en espèces. Avitaha, son petit-fils dont elle ne connaît que l’âge approximatif, 4 ans, tripotait une boîte de médicaments vide, transformée en jouet. Poussés par la faim, Moraree et Avitaha avaient marché une journée durant pour arriver sur la place centrale de Jafaro, une commune de la région Androy, à l’extrême sud de Madagascar.

Comme plus d’un million d’habitants du sud de Madagascar, ils sont victimes de la « pire sécheresse du pays depuis quarante ans » selon les Nations Unies. Ce nouvel épisode de « kéré » — qui signifie « être affamé » dans la langue des Antandroy, le peuple qui habite cette région — a débuté en mai 2020. Aujourd’hui, l’organisation internationale évalue à près de 1,14 million le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire, sur les 27,2 millions d’habitants du pays. Dès juillet, à Amboasary, l’un des districts les plus au sud, environ 14 000 personnes étaient estimées au niveau maximal de la faim – le stade « catastrophe » lorsqu’il n’y a absolument plus rien à manger — sur une population d’environ 200 000, selon le PAM. 

Des jeunes sur un champ enseveli par le tiomena, une tempête de sable dûe à la déforestation massive. © Rossy Heriniaina

Malgré leur longue marche, Moraree et Avitaha n’ont pas reçu de nourriture le jour même. La septuagénaire a seulement posé ses empreintes digitales sur une pointeuse biométrique, nouveau dispositif du PAM pour éviter les fraudes devenues trop fréquentes dans la commune. Le lendemain, elle et son petit-fils ont repris la route pour rentrer au village, le ventre un peu moins vide.

Plusieurs années sans pluie ont empêché toute agriculture

Moraree ne se souvient plus exactement mais cela fait « très longtemps » qu’il n’a pas plu dans son village, probablement plusieurs années, ce qui a rendu l’agriculture impossible….

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Auteur: Reporterre