S'écrire dans l'histoire, s'inscrire dans l'avenir

Le 17 novembre marquera le 5e anniversaire du mouvement des Gilets Jaunes. D’ici là, nous publierons chaque lundi un [Novembre Jaune], collecte locale des voix plurielles qui se sont inscrites dans le mouvement. Il s’agit de sauver de l’oubli – et du mépris – cette littérature qui s’est écrite au quotidien lors du mouvement des Gilets jaunes, et de la mettre à la disposition de tous, de partir des textes pour reconstituer le nuancier qui a fait et continue de faire ce qui sera appelé une contre-culture jaune : partie non négligeable et toujours bien vivante de la pensée d’ici d’en-bas. Cette semaine, la lettre d’une mère adressée au président de la République, extraite des Cahiers de Doléances de la ville de Libourne (Gironde).

« Je me rends bien compte qu’il est trop tôt pour raconter notre histoire, puisqu’elle s’écrit encore et que s’inscrivant désormais dans la longue lutte des opprimé.es, elle ne sait quand sera sa fin ! »

Est-il jamais trop tôt pour raconter une histoire ? La considérer au passé pose la question des archives, souvent parcellaires quand il s’agit des sujets populaires. L’observer au présent ou dans son extrême contemporain, met au défi de fixer ce qui est encore en mouvement, mais permet de conserver de précieuses traces qui menacent de ne pas être consignées si l’effort n’est pas mené dans l’ici et maintenant de la lutte. L’une et l’autre approche à ses vertus, et ses risques. J’emprunterai donc une troisième voie, celle de la littérature, car cette historicité jaune, aussi brève qu’elle fut, a composé une matrice de communauté de récits, pour reprendre le titre de l’ouvrage de Jean Birnbaum, qui nous raconte bien une histoire, peut-être moins récente qu’il n’y paraît.

A première vue, les Gilets jaunes ont plus subi qu’écrit leur histoire. Des jacqueries médiévales au mouvement des places jusqu’au refus de reconnaître une…

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Auteur: dev