Sécu symbole

Ô Séréna ma bien aimée, je n’ai guère dormi. Je n’suis pas fière mais c’est ainsi. On s’refait pas. Si j’étais venue dormir chez toi, nous aurions pu penser ensemble sur des sujets intéressants. Nous aurions parlé de Simone Weil et des planètes autour de nous, ça aurait pu être vraiment bien. Mais ce réel imaginé n’a pas eu lieu.

Il restera donc virtuel et parallèle, jusqu’à ce que je le réalise. Pendant ce temps (que je n’ai pas passé avec toi) nous étions — donc, moi et eux — rue Joseph de Maistre à Paris, sur la petite bu-butte Montmartre, et la nuit a : presqu’été blanche. Il fallait voir la tronche des rues quand il fut vingt-trois heures et demi. Fallait voir les terrasses remplies : de jeunes gens, de wanabees. Alex et moi on courrait comme des dératés, pour pas faire attendre le dealer. On devrait pourtant le savoir : ça n’est jamais lui qui attend. De véritables cendrillons, de vraies couillonnes, des billes de plomb dans un flipper, des petites puces sur un crâne chauve. On faisait pitié. En chemin vers le paradis, j’ai lu sur un panneau de la ville (tu sais ceux qui racontent l’Histoire, qu’on plante devant les monuments) « Bateau Lavoir, à l’époque du Montmartre rural… » on pouvait pas trop s’arrêter, on devait continuer de courir, alors j’ai pas lu beaucoup + … mais tout de même ça m’est resté (alors je voulais le mentionner) : Montmartre rural, ça sonne bien.

Le couvre-feu devait donc commencer samedi (d’ailleurs c’est samedi quand j’écris), mais en fait il a commencé vendredi soir, 23h30. Et à partir de samedi nous sommes sommées de rester chez nous entre 21h et 6h. L’effet est clair (la fête aussi) permettre le travail longue durée, l’activité salariée, la dépense de notre énergie et de notre force de travail ; mais supprimer tous les loisirs en dehors de l’espace privé, et confiné,…

Auteur: lundimatin
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