Sécurité privée et privatisation de la police

« La sécurité ne peut se faire, globalement, qu’avec la participation des acteurs du privé », les conférenciers de la dernière édition du salon Milipol ne pouvaient être plus explicites.
Marginale et décriée au début du XIXe siècle, la sécurité privée est aujourd’hui composée de 175 000 agents, dépassant les effectifs de la police nationale et devenant ainsi un maillon essentiel de la sécurité intérieure de l’État. À l’aune de la Coupe du monde de rugby 2023 et des JO 2024, vitrines et paroxysmes des déploiements sécuritaires, cet article propose de décrypter la place que la sécurité privée occupe désormais dans notre quotidien, de son origine à nos jours, et le futur radieux qui semble lui être réservé.

« La sécurité est la première des libertés. »

C’est sur cette phrase que Gérald Darmanin a clôturé, il y a quelques semaines, la conférence inaugurale de la 22e édition de Milipol, le plus important salon de la sûreté et de la sécurité intérieure des États. Un événement d’envergure mondiale – une soixantaine de délégations étrangères étaient présentes – aux 30 000 visiteurs, qui viennent à 41 % du secteur public et à 59 % d’acteurs du privé. Le cycle de conférences de l’événement est organisé en grande partie par l’Institut des hautes études du ministère de l’Intérieur (IHEMI), dont l’activité principale est de délivrer des formations aux hauts cadres du secteur public – procureurs et préfets – et, là aussi, du privé.

Cette porosité entre le secteur privé et public n’a rien de surprenant dans un salon comme Milipol : il est à la fois présidé par le ministère de l’Intérieur et détenu par un GIE (groupement d’intérêt économique) composé de cinq entreprises françaises aux activités complémentaires : Thales (aérospatiale, défense, sécurité et transport), Visiom (contrôle des flux de marchandises et de personnes), Protecop (fournisseur d’équipements aux forces de maintien de l’ordre), Cofrexport (matériel dédié au renseignement) et pour finir, CIVI.POL, société de services et de conseil, qui commercialise principalement à l’étranger le savoir-faire du ministère de l’Intérieur en matière de sécurité.

Et en se penchant sur le contenu des conférences, on remarque que le sujet de la sécurité privée s’est immiscé un peu partout… Parfois de manière ostensible, avec une thématique dédiée le mercredi après-midi à « l’antiterrorisme : le continuum sécuritaire. Quelle…

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Auteur: lundimatin