Séisme en Turquie : la permaculture, une voie pour reconstruire

Antalya (Turquie), reportage

Parmi les milliers d’édifices qui se sont écroulés comme des châteaux de cartes en Turquie le 6 février, il y avait celui qui hébergeait la famille de Sinan Karabağ, dans la ville d’Adıyaman, dans le sud du pays. La catastrophe a fauché la vie de onze membres de sa famille, incluant ses sœurs et ses neveux. Six d’entre eux n’étaient que des enfants, déplore-t-il. « J’ai dû identifier les corps, et ces images ne cessent de repasser en boucle devant mes yeux », témoigne-t-il, les yeux brillants d’émotion.

Après s’être rendu sur les lieux du drame, il est désormais de retour dans la petite oasis de paix et de verdure où il vit avec sa femme et ses enfants. Difficile de croire que nous sommes à quelques mètres de l’agitation des boulevards d’Antalya, cinquième agglomération urbaine du pays située sur la côte turquoise de la Turquie, qui accueille désormais les rescapés du séisme.

Près de la table de pique-nique, les plants de brocoli s’épanouissent sous le doux soleil méditerranéen. Quelques ruches ont été posées près des citronniers et des pamplemoussiers. Dans leurs enclos, les poules caquettent et les moutons bêlent. Un chien prêt à jouer tire sur sa laisse. Un chaton lorgne sur les assiettes de biscuits et de feuilles de vigne farcies posées sur la table.

« Ma motivation est encore plus grande »

Depuis environ quatre ans, Sinan Karabağ et sa compagne Nermin Avcı Karabağ font partie des rares pionniers de la permaculture dans ce pays où l’agriculture intensive est reine. Que ce soit avec leur consommation d’aliments sains, leur utilisation de l’eau, leur façon de vivre minimaliste : ils réinventent leur mode de vie en accord avec cette approche s’inspirant du fonctionnement des écosystèmes naturels.

Après la pandémie de Covid-19, et maintenant la catastrophe secouant la Turquie, la permaculture — et l’autonomie alimentaire qu’elle permet — s’avère d’autant plus pertinente, insiste le couple. « Dans les zones sinistrées, tous les commerces sont fermés, il n’y a pas de nourriture ni d’eau, observe Nermin Avcı Karabağ. Tu as beau avoir beaucoup d’argent, tu ne peux pas manger des billets. »

Malgré l’écrasant sentiment de deuil et l’incertitude de l’avenir qui les animent, la permaculture constitue une lumière qui motive le couple à avancer. « Je suis allé porter du matériel à Adiyaman, mais à mon avis, la vraie aide que je peux apporter est liée à la création d’un mode de vie alternatif, dit Sinan Karabağ avec conviction. On redonne l’importance aux villages, à la terre. Face à la colère, je vais travailler encore plus fort. Ma motivation est encore plus grande. »

Un mode vie…

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Auteur: Miriane Demers-Lemay Reporterre