Le financement participatif, ou crowdfunding, désigne un mode de financement alternatif permettant à un porteur de projet de collecter des fonds via une plateforme en ligne pour solliciter un grand nombre de contributeurs. Ceux-ci peuvent faire des dons, des prêts, des investissements afin d’obtenir une contrepartie matérielle ou symbolique.
Ce système contourne les circuits financiers traditionnels et devient dans plusieurs pays un outil d’autonomisation économique, notamment pour les publics peu ou pas bancarisés.
Dans le contexte sénégalais, marqué par un entrepreneuriat féminin dynamique mais confronté à des contraintes structurelles, le financement participatif apparaît comme une piste prometteuse. Pourtant, son usage par les femmes entrepreneures reste marginal.
Les femmes entrepreneures sénégalaises sont confrontées à des difficultés d’accès au financement et pour cause beaucoup d’entre elles évoluent dans l’économie informelle. Ce qui les prive de documents officiels (états financiers, immatriculation, bilans comptables) nécessaires à la constitution d’un dossier de demande de crédit solide. Elles exercent majoritairement dans des secteurs à faible valeur ajoutée tels que le commerce de détail ou la restauration de rue, considérés comme peu rentables par les institutions bancaires.
À cela s’ajoute un manque d’informations sur les produits financiers existants, ainsi qu’une maîtrise insuffisante des outils nécessaires à la gestion d’entreprise comme la planification budgétaire ou la prévision financière. Ce déficit de connaissances réduit considérablement leur capacité à convaincre les bailleurs de fonds.
Enfin, la propriété d’actifs reste largement dominée par les hommes. Les femmes possèdent rarement des terres, des bâtiments ou des équipements à leur nom, ce qui les empêche d’offrir des garanties matérielles suffisantes. Cette inégalité patrimoniale les rend…
Auteur: Mamadou Ndione, Maître de conférences, Université d’Orléans