Au Sénégal, la religion occupe une place centrale dans la vie socio-culturelle et les acteurs religieux un rôle de plus en plus visible dans le développement économique local. En particulier, leur implication dans les activités entrepreneuriales constitue un levier important pour de nombreux Sénégalais, notamment ceux issus de milieu modeste ou exclus des circuits classiques de financement.
Les confréries religieuses telles que les Tidjanes et les Mourides, les dahiras (groupe religieux ou association spirituelle à caractère musulman) et les leaders spirituels ne se contentent plus d’un rôle moral ou spirituel. Ils interviennent activement dans le soutien matériel, organisationnel et psychologique des initiatives économiques. Ils n’ont plus de fait ce statut d’observateurs passifs. Cet apport se manifeste sous différentes formes : financements communautaires, accompagnement spirituel et médiation en cas de conflit.
En tant que chercheur, j’ai étudié les dynamiques entrepreneuriales au Sénégal, notamment l’impact des acteurs culturels et religieux dans le secteur informel, ainsi que sur les mécanismes de gouvernance au sein des PME sénégalaises. J’explique ici comment les confréries islamiques sont devenues des piliers de l’économie du pays.
Le financement communautaire et solidaire
Dans un contexte où l’accès aux financements bancaires reste limité pour la majorité des entrepreneurs sénégalais, les communautés religieuses offrent des alternatives inclusives et accessibles. Les mécanismes de financement communautaire reposent principalement sur des cotisations volontaires, des dons, et parfois des prêts sans intérêt, dans le respect des principes de solidarité et de justice sociale prônés par les enseignements religieux, notamment l’islam.
Ces formes de financement sont le plus souvent organisées au sein des dahiras, des cercles religieux informels où les membres cotisent régulièrement. Les fonds…
Auteur: Mamadou Ndione, Maître de conférences, Université d’Orléans