Sénégal, une fragile accalmie ?

Le Sénégal a connu des manifestations d’une violence jusqu’alors inconnue
dans ce pays d’Afrique de l’Ouest réputé pour sa stabilité. L’arrestation du
député Ousmane Sonko, poursuivi pour viol et cueilli par les forces de
l’ordre alors qu’il se présentait à sa convocation devant le juge, a été
l’étincelle qui a mis le feu aux poudres. Cette réaction en chaîne
s’explique par la position singulière du député sur l’échiquier politique au
Sénégal : après une vague de ralliement des opposants au président Macky
Sall, M. Sonko est perçu comme le dernier opposant crédible au président
sénégalais dans la course à la présidentielle.

S’en sont suivies des manifestations particulièrement violentes dont
l’impact ne s’arrête pas à leur lourd bilan humain. De nombreux commerces –
en particulier des entreprises françaises, telles qu’Auchan ou Orange, ont
été prises pour cible par les manifestants. Deux chaînes de télévision
publiques ont vu leur signal suspendu pendant 72 heures après avoir diffusé
les images des violences, et l’accès aux réseaux sociaux a été partiellement
suspendu pendant les émeutes.

6 mars 2021 Dakar SENEGAL Sylvain Cherkaoui Anadolou Agency via AFP

Ces événements ont surpris nombre d’observateurs. Le Sénégal fait en effet
figure d’îlot de stabilité dans un Sahel troublé, et est souvent cité comme
une démocratie modèle. L’opinion publique, quant à elle, a été durablement
choquée par les images montrant des hommes en civil frapper des manifestants
à terre, sous les yeux des forces de l’ordre.

“Les autorités sénégalaises doivent immédiatement cesser les arrestations
arbitraires d’opposants et d’activistes, respecter la liberté de réunion
pacifique et la liberté d’expression, et faire la lumière sur la présence
d’hommes armés de gourdins aux côtés des forces de sécurité”, a déclaré
Amnesty International dans un communiqué publié le 5 mars, dénonçant “une
grave atteinte aux droits humains”, et “l’arrestation arbitraire” du député.

Mais les émeutes de cette dernière semaine n’ont pas pour seul fondement
l’arrestation d’Ousmane Sonko. Elles cristallisent les frustrations d’une
population ravagée par le chômage, et durement éprouvée par les conséquences
économiques et sociales de la crise liée à la pandémie. Dans les secteurs de

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Auteur: Blast info