Séparer la femme de l’artiste ? Retour sur la démarche de Deborah de Robertis

Suite à son action intitulée On ne sépare pas la femme de l’artiste menée le 6 mai dernier au Centre Pompidou Metz lors de l’exposition « Lacan, l’exposition », Deborah de Robertis, artiste luxembourgeoise, a été convoquée pour vol et dégradation. Deux performeuses y ont tagué « #MeToo » en peinture rouge non agressive sur cinq œuvres (dont L’Origine du Monde de Gustave Courbet, Aktionshose : Genitalpanik de VALIE EXPORT, et Mémoire de l’Origine, une photographie de De Robertis même la montrant cuisses écartées devant l’œuvre de Courbet). L’artiste, quant à elle, a subtilisé Je pense donc je suce, une broderie qu’Annette Messager a réalisée en 1991.

Cette action est à replacer dans le parcours et la réflexion que Deborah de Robertis conçoit depuis plus d’une dizaine d’années : il s’agit pour elle de créer une image déjouant le regard masculin dominant (male gaze) qui s’applique sur les représentations du corps des femmes, mais aussi, par cette dernière action, de dénoncer ce qu’elle a vécu comme des abus de la part de certains « hommes de l’art » croisés au fil de sa carrière.

En revenant sur la démarche et les revendications de l’artiste, j’aimerais analyser la radicalité de sa dernière action – qui peut être perçue comme violente – en tant que moyen d’une résistance féministe historiquement spécifique au contexte post #MeToo.

Le film comme prise de pouvoir

Avant 2014, Deborah de Robertis développe des recherches sur ce qu’elle définit comme le « point de vue du modèle nu féminin », qui est le renversement du regard de l’artiste sur son modèle. Elle construit cette réflexion dans ses premiers films : dans Le modèle à la caméra, elle pose nue comme modèle pour des artistes hommes dans une vitrine de prostituée à Bruxelles, tout en les filmant et leur faisant signer un contrat qui fait prévaloir ses droits d’autrices sur les leurs ;…

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Auteur: Quentin Petit Dit Duhal, Docteur en Histoire de l’art, Université Paris Nanterre – Université Paris Lumières