Ce que l’on a appelé les « Disturbios del gasolinazo » de 2017 a été une série de protestations déclenchées par la énième augmentation du prix des carburants. Au cours du mois de janvier, des milliers de protestations ont eu lieu, qu’il s’agisse de hashtags, de marches, de collectes de signatures ou de procès d’amparo, jusqu’à ce qui sera l’élément le plus marquant de l’événement, le pillage massif et spontané de magasins qui s’est répandu de manière étonnante dans tout le Mexique.
Bien qu’on ait souvent l’occasion de voir cette image de villes dévastées par un phénomène naturel (comme Acapulco en 2023 après l’ouragan Otis), le fait qu’en ce cas elle soit liée à une protestation et non à une catastrophe a laissé non seulement les médias bourgeois mais aussi les organisations de gauche, perplexes et scandalisés. Le fait que la protestation se soit déroulée sans qu’une direction ou une organisation formelle ne soit nécessaire, et sans slogans élaborés, a conduit l’intelligentsia organique du prolétariat à l’ignorer et même à la condamner comme un soulèvement du lumpen contre les bonnes mœurs des travailleurs
. Pressés de combler leur vide interprétatif, ces commentateurs ont fini par accuser les pillards de faire partie d’un complot de droite visant à déséquilibrer le pays et à empêcher l’alternance démocratique à laquelle toutes les forces progressistes devaient adhérer.
Cette émeute explosive déconcerte non seulement ceux qui jouent les pompiers, mais aussi les militants les plus extrémistes, qui y voient l’expression la plus pure d’une révolte contre la marchandise, où le prolétariat impose ses besoins sans aucune médiation. C’est une idéalisation du pillage, car la présence de mafias locales est évidente, voire de bandes de voleurs professionnels, comme l’indiquent les témoignages des protagonistes par le bouche à oreille dans les rues, ce qui…
Auteur: dev