Sept thèses sur la destitution (après Endnotes)

S’appuyant sur la parution récente d’un texte (Onward Barbarians) du collectif marxien Endnotes, Kiersten Solt publia chez Ill Will le texte que nous traduisons ici. Il vise à faire avancer le débat révolutionnaire sur le couple constitution/destitution, en le nourrissant du soubresaut insurrectionnel qu’ont connu les Etats-Unis l’année passée.

Thèse 1 : Expliquer le présent à partir de fictions politiques du passé obscurcit les vérités de l’époque.

On a récemment pu lire qu’à la lumière de la crise actuelle de la représentation politique, le caractère identitaire persistant des soulèvements contemporains serait « rationnel ». Mais de quelle rationalité parle-t-on ? Dans son dernier texte intitulé « En avant les barbares », le collectif Endnotes considère l’époque présente comme étant le contrecoup et la conséquence des défaites du mouvement ouvrier ; une position proche de celles d’autres courants de pensées révolutionnaires contemporains. Le raisonnement est le suivant : à l’époque des mouvements ouvriers, l’économie déterminait le politique, la structure antagoniste du capital se manifestait par un antagonisme social entre les prolétaires et la bourgeoisie et la détermination économique du politique permettait à l’énergie rebelle de prendre forme en tant que mouvement mené par la classe ouvrière. Aujourd’hui, en poursuivant le même raisonnement, ce sont toujours les dynamiques socio-économiques qui déterminent le champ politique, mais principalement en tant que forces de dissolution plutôt que de construction. Ainsi, à la composition de classe se substitue la décomposition des classes, ce qui faisait office de base socio-économique de la représentation démocratique se retrouve aux abonnés absents, et les mouvements ouvriers ont laissé la place à des « non-mouvements. À partir de cette analyse, les champs socio-économiques et politiques actuels apparaissent comme les images négatives de ce qu’ils étaient il y a soixante ans.

On nous explique que les luttes actuelles seraient « identitaires » en raison de leur passé, aujourd’hui révolu. Qu’est-ce que cela signifie pour les partisans ? Si nous traduisons cet argument en termes d’expérience vécue, ce qui s’offre à nous c’est une image mélancolique. Les insurgés d’aujourd’hui digèrent la perte d’une identité de classe autrefois pure et légitime. Nous voilà nostalgiques d’un système de représentation politique de classe, autrefois fonctionnel et légitime, que ce monde…

La suite est à lire sur: lundi.am
Auteur: lundimatin