D’argent et de sang
Le thriller de Xavier Giannoli sur l’escroquerie des quotas carbone est, malgré des redondances et une forme de grandiloquence, une fresque brûlante et morale, servie par une distribution prestigieuse menée par Vincent Lindon.
C’est le fil rouge de cette série noire. Vincent Lindon, dans la peau de Simon Weynachter, austère magistrat en costume gris, fait face à la caméra de Xavier Giannoli, mais aussi à celle des magistrats instructeurs de l’information judiciaire sur la fraude des quotas carbone. Enquêteur principal sur cette affaire, Weynachter sera le narrateur de cette histoire rocambolesque.
Une manière plutôt habile de prendre le spectateur par la main en l’aidant à comprendre, pas à pas, les rouages complexes de l’escroquerie, tout en maintenant le flou sur la nature du récit. Présentée comme une fiction inspirée de faits réels relatés dans le livre-enquête de Fabrice Arfi (1), la série D’argent et de sang commence en 2008 dans une gargote de Belleville. « Bouli » (David Ayala, impeccable) et « Fitous » (Ramzy Bedia, stupéfiant), juifs d’origine tunisienne au bagout indéniable, se mettent en tête de pirater le nouveau système d’échange financier de quotas carbone au niveau européen en appliquant une vieille combine : la fraude à la TVA, à laquelle est soumis ce marché, et qu’il s’agit de détourner sur des comptes dans des paradis fiscaux. Tout l’art de ce duo de pieds nickelés sera d’embarquer dans la combine un jeune trader des beaux quartiers, Jérôme Attias (Niels Schneider, pas toujours convaincant), assoiffé d’argent facile. Cette fascinante et folle histoire est narrée par Lindon/Weynachter, sorte d’Eliot Ness des douanes habité par son obsession de la justice, au terme de l’affaire. Comme si tout était écrit d’avance, gravé dans une époque dont cette escroquerie révèle les failles et les excès.
Lorsqu’il met à nu celles-ci,…
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Auteur: Stéphane Dreyfus