Seuls les locaux pourront être proprio : en Bretagne, l'idée séduit

Loguivy et Locmiquélic (Morbihan), reportage

Dorian est intérimaire, en ostréiculture. À chaque marée, qu’il pleuve ou qu’il vente, ce Breton de 25 ans remonte l’estuaire du Trieux en bateau depuis la ville de Lézardrieux, pour se rendre sur les parcs à huîtres de l’île de Bréhat, en face. Le chaland double un îlot dont une petite maison a récemment été achetée à plus de 1 million d’euros, pour une résidence secondaire. Il passe ensuite devant le port de Loguivy, et son front de mer. Presque toutes les maisons ont les volets clos. Des résidences secondaires.

Dorian, qui vit et travaille ici, dans la vase et l’eau froide, ne pourra jamais se payer l’une d’entre elles. « Ça fait mal au cœur parce qu’il y a beaucoup de maisons à l’abandon ici, les volets sont constamment fermés toute l’année », regrette-t-il. Le problème n’est pas nouveau, mais s’est accentué ces dernières années. Les Airbnb accaparent une part du parc locatif, « et puis, il y a les maisons qui ont été rachetées après le Covid par des gens qui habitent dans de grandes villes… On le voit l’été, c’est rempli de plaques d’immatriculation parisiennes, et c’est de plus en plus compliqué de trouver un logement ».

La donne pourrait changer. Car face à ce constat, des collectifs locaux se sont créés, et un mouvement régional se structure. Une campagne de mobilisations a vu le jour, fédérant plusieurs organisations autour du slogan « Un ti da bep hini » (« Une maison pour tous »), s’inspirant des luttes similaires menées au Pays de Galles, ou au Pays basque. Et une idée commence à faire du bruit : la création d’un statut de « résident principal ».

Habiter un an avant de pouvoir acheter

Un statut de résident principal ? « On demanderait aux personnes qui souhaitent acheter une maison ou un terrain constructible d’habiter au pays depuis un an », explique, en breton, Nil Caouissin, principal promoteur de cet outil, et membre de l’Union démocratique bretonne (UDB, gauche autonomiste et écologiste). De quoi limiter les achats compulsifs à destination de résidences secondaires, et remettre les résidences secondaires en vente sur le marché des logements à l’année, « pour que les gens qui ont été exclus du littoral par exemple, puissent y revenir ».

Et les « Parisiens riches » n’en sont pas les seuls responsables, comme on l’entend souvent. « Je ne propose pas que ce statut s’applique à un niveau régional, puisqu’il y a aussi beaucoup de personnes qui…

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Auteur: Reporterre