Si la société française déprime, est-ce vraiment « la faute aux vieux » ?

La France a tendance à regarder dans le rétro. Selon la dernière livraison de l’enquête annuelle « Fractures françaises » de l’Institut Ipsos en octobre 2023, 73 % des Français disent que « c’était mieux avant ». Ils n’étaient « que » 69 % l’année précédente. Est-ce en raison du vieillissement de la population ? Pas forcément. En effet, l’âge ne semble pas être la variable explicative dominante puisque 70 % des moins de 35 ans et 72 % des plus de 60 ans sont d’accord avec cette affirmation. Deux points d’écart seulement. Les 35-59 ans sont les plus nostalgiques avec un score de 75 %.

Concernant le regard sur l’avenir du pays, 44 % de la population estiment qu’il « est plein d’opportunités et de nouvelles possibilités ». Sur ce point, les seniors sont franchement les plus pessimistes, ce qui est le plus souvent le cas depuis 2013. Ils sont 39 % à se déclarer de cet avis, alors que les moins de 35 ans sont 55 % à se déclarer optimistes. On peut donc former l’hypothèse que les seniors comparent plus facilement que les plus jeunes la situation d’aujourd’hui à celle d’hier.

Une autre étude, également menée par l’Ipsos avec le Conseil économique social et environnemental (CESE) et publiée en septembre 2023, montre que cette forte nostalgie sociale s’appuie sur le pessimisme des Français quant à l’avenir du pays ou de la planète. Concernant la France, en moyenne seulement 29 % des Français se disent optimistes. Le vieillissement démographique viendrait-il renforcer ce pessimisme ? Là encore, la réponse est non : les plus de 60 ans sont les plus optimistes (37 %) tandis qu’ils ne sont que 26 % chez les moins de 35 ans et 25 % chez les 35-59 ans. Un écart de 11 et 12 points.

De même, les seniors sont les plus optimistes (ou les moins pessimistes) concernant l’avenir de la planète et de la nature : 28 % d’optimistes contre 23 % chez les…

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Auteur: Serge Guérin, Professeur INSEEC GE. Sociologue, directeur de MSc « Directeur des établissements de santé », INSEEC Grande École