Basta! : Vos travaux montrent que les agricultrices sont confrontées à une division très genrée des tâches. Comment se manifestent les inégalités socioprofessionnelles en milieu agricole ?
Clémentine Comer : Les inégalités jalonnent toute la trajectoire professionnelle des femmes en agriculture. Dans l’enseignement agricole, on ne sociabilise pas de la même manière les filles et les garçons à l’apprentissage des techniques clés de gestion des exploitations, mais aussi en matière de bricolage, de réparation, de débrouille : des pratiques qui sont structurantes dans le travail quotidien d’un agriculteur. Le défaut de formation est criant dans la conduite des engins ou matériels agricoles, que ce soit dans le cadre de leur formation ou au cours de leurs stages. De plus, les femmes rencontrent des difficultés à trouver des lieux d’apprentissage.
Par ailleurs, nombre d’entre elles n’héritent pas directement des exploitations agricoles. Elles entrent souvent dans le milieu agricole après une reconversion professionnelle. Quand elles s’installent seules, elles font face à une série de freins à la concrétisation de leurs projets, perçus comme moins crédibles par les institutions et l’encadrement professionnel : banque, organismes d’attribution des terres, conseiller technique, etc.
Une fois installées, elles sont davantage regardées et soumises au test répété de leurs compétences. Il y a également une tendance à les assigner à des domaines d’activité plus caractérisés comme féminins : la comptabilité et le travail administratif, entre autres. Dans les élevages ce sont souvent elles qui nourrissent les jeunes animaux.
« L’accès au congé maternité à égalité avec les femmes salariées a été un combat de longue haleine débuté dans les années 1970 et obtenu dans les années 2010 »
Elles vont être placées sur un ensemble de tâches éclectiques qui,…
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Auteur: Sophie Chapelle