« Si un communiste n’est pas marxiste, il perd son identité » – Entretien avec Atilio Borón et Emilio Taddei

Existe-t-il un marxisme latino-américain ? Quels théoriciens et militants ont joué un rôle primordial dans la pensée révolutionnaire en Amérique latine ? Quelles répercussions le mandat du libéral Mauricio Macri a-t-il eu en Argentine ? Les catholiques sud-américains peuvent-être constituer un rempart contre le néolibéralisme ? Pour répondre à ces questions, nous avons interrogé les sociologues et politologues Atilio Borón et Emilio Taddei.

Propos recueillis par Ella Micheletti.


Atilio Borón est un sociologue, politologue et écrivain argentin, titulaire d’un doctorat en sciences politiques de l’Université de Harvard. Il est professeur associé à la faculté des sciences sociales de l’Université de Buenos Aires et chercheur à l’IEALC (Institut d’études latino-américaines et caribéennes). Il est également un spécialiste du marxisme, du libéralisme, du capitalisme et des processus démocratiques en Amérique latine.

Emilio Taddei est politologue, docteur en sociologie, professeur et chercheur à l’Université nationale de Lanús (UNLA, Argentine). Comme Atilio Borón, il est membre du Groupe d’études sur l‘Amérique latine et les Caraïbes.


Voix de l’Hexagone : En 2006, vous avez publié un essai intitulé La Théorie marxiste aujourd’hui : problèmes et perspectives. Comment les gauches latinoaméricaines – et en particulier la gauche argentine – peuvent-elles continuer de se nourrir des théories de Marx actuellement ?

Atilio Borón. : Le marxisme est fondamental pour comprendre le capitalisme, mais aussi pour le changer. La société capitaliste repose sur un petit groupe de personnes – qui détient une part disproportionnée de la richesse sociale – et une masse énorme de gens qui peinent à survivre, sauf si elles trouvent des emplois et que les patrons/entrepreneurs considèrent qu’il est rentable d’embaucher quelqu’un. Je crois donc que si l’on veut vraiment faire une critique et transformer les sociétés contemporaines, il faut impérativement faire un saut vers une société post-capitaliste où les hommes et les femmes ne seraient pas réduits à des simples marchandises. Vous et moi, nous sommes perçus uniquement par notre force de travail, voilà la réalité. Je plaide donc pour une société qui, par ses pratiques, ne renforcerait pas de façon permanente le patriarcat et qui ne prônerait pas la soumission des femmes. La nature serait aussi considérée comme un bien commun fondamental, et non comme un bien marchand.

Atilio…

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Auteur: Ella Micheletti