« Silence, des ouvriers meurent » : sur les chantiers du Grand Paris, des accidents de travail à répétition

« « Mourir au travail » : sérieusement ? On en est encore là de la vision du monde du travail ?! » Ces mots sont ceux d’Aurore Bergé, députée LREM des Yvelines et conseillère régionale d’Île-de-France, en réponse à un tweet de Fabien Gay, sénateur communiste de Seine-Saint-Denis, en 2019. Notre enquête sur les chantiers liés au Grand Paris – qui consiste en une grande transformation du paysage urbain avec un renouvellement des réseaux de transports – montrent que dans la région où Aurore Bergé est conseillère régionale, mourir au travail n’est pas une « vision ». C’est une réalité.

Le 28 février 2020. Maxime Wagner, 37 ans, intérimaire pour Dodin Campenon-Bernard, filiale de Vinci, travaille sur le chantier de prolongement de la ligne 14 vers le sud, à Villejuif. Au sein du tunnelier – cette énorme machine qui permet de creuser des tunnels – il s’affaire à déboucher une conduite en métal dont la partie finale est souple. Quand il arrive à ses fins, la pression de l’air qui sort de la conduite est telle que celle-ci fait un large mouvement de coup de fouet et vient violemment heurter la tête du salarié. Hospitalisé en urgence absolue, il souffre de multiples lésions cérébrales et au visage. Trois semaines plus tard, dans la nuit du 18 au 19 mars et alors que la France rentre dans son premier confinement, Maxime Wagner meurt de la suite de ses blessures, dans un anonymat total.

Cet accident du travail, dont Basta! n’a trouvé aucune trace publique avant la parution, il y a quelques jours, d’un article de Libération, est un des rares pour lequel l’enquête de l’inspection du travail est déjà terminée. La conclusion est claire : la responsabilité de l’entreprise est engagée. L’institution relève en effet trois infractions potentielles : un défaut d’information du salarié sur l’utilisation de l’équipement de travail, la modification de l’équipement de travail – en l’occurrence la conduite – qui n’était pas maintenu de manière à préserver la sécurité. Enfin, le « plan particulier de sécurité et de protection de la santé » (PPSPS), ce document qui établit les risques et les règles de sécurité sur un chantier, était incomplet. Ce procès-verbal a été transmis au parquet de Créteil en septembre 2020. À ce jour, aucune procédure n’a été ouverte. Contacté par Basta!, l’instance judiciaire n’a pas répondu.

140 000 euros requis pour homicide involontaire

La mort de Maxime Wagner n’est que le premier d’une liste…

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Auteur: Pierre Jequier-Zalc