Six milliards de plus pour piller les océans

Mardi 12 novembre, la Commission européenne de la Pêche a voté l’ouverture de nouvelles négociations qui vont conduire, entre 2021 et 2027, à accorder des subventions supplémentaires de 6 milliards d’euros à l’industrie de la pêche.

Alors que le monde entier s’alarme de la dévastation des océans, le Parlement européen a validé la semaine dernière un nouveau projet de financement public de l’industrie de la pêche, à hauteur de six milliards d’euros. Quelques ONG, parmi lesquelles Sea Shepherd, Bloom ou ClientEarth, tentent de s’élever contre cette décision, qui ne semble pas avoir remué pour autant l’univers médiatique. Une volte-face qui en dit long sur les priorités de nos dirigeants.

Voilà, c’est fait. Encore une fois, l’information est presque passée inaperçue, alors qu’elle représente un pas de plus dans la destruction méticuleuse de nos océans. Mardi 12 novembre, la Commission européenne de la Pêche a voté l’ouverture de nouvelles négociations qui vont conduire, entre 2021 et 2027, à accorder des subventions supplémentaires de 6 milliards d’euros à l’industrie de la pêche. À vingt voix sur vingt-huit (dont deux abstentions), les nouveaux euro-députés, toujours plus déconnectés des réalités, ont jugé nécessaire de renforcer les flottes maritimes de tous les pays d’Europe, de construire de nouveaux navires et de moderniser les anciens.

Les lobbies le savent très bien : à Bruxelles, plus que partout ailleurs, il est toujours possible de contourner impunément la volonté populaire.

Pourtant, les euro-députés fraîchement élus avaient une occasion inespérée d’infléchir la politique commune dans l’intérêt de l’écologie, comme le préconisaient le président de leur commission, Chris Davies ainsi que les députés co-signataires d’une lettre ouverte adressée en octobre 2019 au Parlement européen et signée par plusieurs ONG. Qu’importe ! Les députés ont la semaine dernière repris tels quels le texte et l’enveloppe du prochain Feamp (Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche), concoctés bras dessus bras dessous avec les lobbies par leurs prédécesseurs.

Pire, ce vote approuve une nouvelle marche-arrière puisque, sous couvert d’améliorer la sécurité des marins, une bonne partie des fonds sera dédiée à la construction de nouveaux bateaux de grande taille, autrement dit à la surpêche, bien que ce type de subventions soient interdites depuis 2004 par ce même Parlement, décidément schizophrène quand il s’agit de protéger l’environnement.

Surtout, ne nous berçons pas d’illusion, car le dernier rapport en date est clair. Comme le souligne la plate-forme LIFE (Low Impact Fishers of Europe) : 70 % des dernières subventions du Feamp ont été octroyées aux flottes de grande taille et 18 % aux petites flottes de pêche artisanale, composées de bateaux de moins de douze mètres. Autrement dit : presque tout.

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