Skier cet été sur des glaciers ? C'est déjà trop tard

Un ciel désespérément bleu, un bon 9 °C de température et, à peine protégé de quelques langues de neige et encadré de roches apparentes, le dôme étincelant du glacier des Deux-Alpes (Isère) suant son eau de fonte au soleil. C’est devant ce triste spectacle que la commission de sécurité du domaine skiable, réunie le 6 juillet, a décidé de mettre fin à la saison de ski d’été dès le dimanche 10 juillet, trois semaines avant la date prévue. Ce choix peut sembler anecdotique après la catastrophe de l’effondrement du glacier de la Marmolada dimanche 3 juillet, qui a entraîné la mort d’au moins neuf personnes. Mais il vient confirmer, s’il en était besoin, la rapidité et la gravité du changement climatique à l’œuvre sur les sommets alpins.

Traditionnellement, les mordus de ski d’été occupent le glacier jusqu’à la mi-août. Cette année, la fermeture du domaine avait déjà été anticipée au 31 juillet au début de la saison. De 1 500 à 3 000 skieurs, principalement professionnels, devaient s’entraîner jusqu’à cette date sur les quelque 110 couloirs de compétition répartis sur le glacier. Mais cet été, les conditions météo, liées au réchauffement climatique, sont venues bouleverser le programme.

Le peu de neige sur le glacier des Deux-Alpes, le 8 juillet 2022. Webcam de la station des Deux-Alpes

« Depuis quinze jours, il ne gèle plus la nuit, ce qui a dégradé la couche de neige de protection. La glace est à nu et le soleil la fait fondre », explique à Reporterre Fabrice Boutet, directeur général de Sata Group, qui exploite les domaines de l’Alpes d’Huez (Isère), des Deux-Alpes et de la Grave (Hautes-Alpes).

Même constat alarmant du côté de la station : « On a accumulé un manque chronique de précipitations en avril, mai et juin et des températures caniculaires au printemps. Résultat, six semaines d’avance sur la fonte des neiges », déplorent les responsables de la station. Dans ces conditions, impossible d’offrir aux équipes professionnelles de ski la neige dure, proche des conditions hivernales, dont elles ont besoin pour s’entraîner. « Et notre priorité est de protéger notre glacier », insiste Fabrice Boutet.

Adaptation nécessaire

Cette fermeture anticipée est le dernier épisode d’une longue saison de déconvenues climatiques pour les domaines de ski d’été. Le glacier de Tignes (Savoie), qui devait rester accessible à ski jusqu’au 31 juillet, a fermé dès le 1er juillet après seulement deux semaines…

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Auteur: Émilie Massemin Reporterre