Sobriété : « C'est dans les territoires ruraux que s'invente le monde de demain »

Maxime Verdin et Victor Fighiera sont salariés de La Traverse. Installée à Poitiers, cette association a pour vocation d’accompagner les territoires ruraux (communes, intercommunalités, parcs régionaux) dans une démarche de transition écologique et sociale.


Reporterre — Qu’avez-vous pensé du « plan sobriété » présenté par Emmanuel Macron le 14 juillet ?

Maxime Verdin — Dans ce plan, on sent que pour le gouvernement la question de la sobriété reste conjoncturelle, liée à la guerre en Ukraine. Les mesures proposées sont donc pauvres : il y est surtout question d’ampoules et de clim’, qui sont certes un levier, mais représentent une part dérisoire de la consommation globale d’énergie. Or, on devrait être sur une tendance structurelle à la sobriété, pour non seulement répondre aux tensions d’approvisionnement, mais aussi réfréner le réchauffement climatique. Pour le dire simplement, baisser la clim’ n’a jamais constitué un projet de société.

Victor Fighiera — D’ailleurs le gouvernement s’est réjoui de la feuille de route élaborée par un groupement d’acteurs de la grande distribution, Auchan, E.Leclerc, Carrefour, Système U, etc., dans le cadre de ce plan sobriété, et pourtant l’ambition des mesures reste très limitée. Aucun questionnement sur la dépendance à la voiture individuelle, donc au pétrole, qu’induit la grande distribution, ni sur son soutien à la part carnée de notre alimentation — premier poste d’émissions de gaz à effet de serre de l’alimentation, et de loin —, ni même sur la pollution engendrée par le transport routier et aérien des produits.

La sobriété est donc loin d’être une question de « petits gestes » ?

Maxime Verdin — Les petits gestes sont nécessaires, mais loin de pouvoir répondre aux effets du réchauffement climatique, déjà très concrets et très brutaux, aussi bien pour les personnes que pour les écosystèmes. L’agriculture souffre beaucoup du manque d’eau, les éleveurs peinent à produire du fourrage ou à approvisionner en eau leurs cheptels de bœufs, de cochons. Et dans les régions de pisciculture, comme la Brenne, certains pans de l’économie s’effondrent.

Maxime Verdin, cofondateur de La Traverse, en plein bricolage pour créer un lieu d’accueil et de sensibilisation de la population dans le cadre d’une « résidence d’accompagnement ». © Catherine Marin/Reporterre

Ce qu’on essaie de défendre à La Traverse, c’est plutôt une sobriété, non de réaction, mais de…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Reporterre