Soigner le Covid avec les plantes : un potentiel négligé par la recherche

Cette enquête est publiée en partenariat avec Sciences Critiques, site d’information et de réflexion critique participatif sur les sciences.


« Investir dans la recherche [sur les] plantes sera vital pour protéger la population mondiale des pandémies actuelles et futures » : voilà ce que l’on pouvait lire dans la revue scientifique Nature Plants dès mars 2020. Deux mois plus tard, l’Organisation mondiale de la santé reconnaissait que des plantes médicinales telles que l’armoise annuelle (Artemisia annua) étaient « des traitements possibles du Covid-19 », en soulignant le besoin d’essais cliniques pour « évaluer leur efficacité et déterminer leurs effets indésirables ».

Les propriétés antivirales des plantes sont effectivement largement étudiées. « Les plantes contiennent tellement de composés que certaines agissent sur toutes les étapes du cycle d’infection », explique Karin Séron, chercheuse en virologie au Centre d’infection et d’immunité de Lille. Des molécules peuvent stimuler le système immunitaire, pendant que d’autres bloquent l’entrée du virus dans la cellule ou encore la réplication du virus dans la cellule même. Depuis deux ans, de nombreuses études internationales ont montré que des préparations à base de plantes sont efficaces in vitro sur le Covid-19. Pourtant, les essais cliniques, qui évaluent leur efficacité sur les humains, restent rares.

« La recherche industrielle sur les molécules végétales est presque mission impossible, assure Bruno David, ancien directeur de recherche en substances naturelles au sein des laboratoires Pierre Fabre. « Vous êtes obligés d’investir des sommes colossales pour obtenir une autorisation de mise sur le marché. » Et ce, sans garantie que la nouvelle molécule soit meilleure que celles déjà commercialisées. Ainsi, l’entreprise Naturactive, filiale de Pierre Fabre pourtant spécialisée dans les traitements par les plantes, n’a pas cherché à évaluer l’efficacité de potentiels traitements naturels « même si le sujet est très intéressant », reconnaît Christophe Long, conseiller scientifique de l’entreprise. Les recherches auraient été trop onéreuses et sans bénéfices marketing, car il est interdit de vendre des produits naturels avec des indications thérapeutiques en France. Ainsi, poursuit-il, « on peut écrire “reconnu par la tradition” mais pas “actif contre le SARS-CoV-2”. »

« La recherche industrielle sur les molécules végétales est presque mission impossible »

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Auteur: Reporterre