Après un an et demi passé au centre de détention de Roanne, Laura, 26 ans, apprend une fois dehors, qu’elle a contracté un cancer du col de l’utérus. Elle doit se faire opérer en urgence. Pourtant, lors de son arrivée en détention en 2020, elle avait demandé à réaliser un frottis afin de surveiller des anomalies bénignes révélées en 2018. Mais le gynécologue ne l’examine pas. Ce manquement aurait pu lui être fatal. Le parcours de Laura, mis en avant dans le rapport de l’Observatoire International des Prisons dédié à la santé en détention (juillet 2022), est un cas extrême mais révèle une réalité répandue : la pénurie d’accès aux soins gynécologiques pour les femmes détenues. Une situation qui contrevient directement à la loi censée garantir la prise en charge médicale de toutes les personnes incarcérées.
« Ce que l’on craint le plus en prison, c’est d’avoir un problème gynécologique parce qu’on sait que ça va être une galère, qu’il va falloir se battre pour les menottes, qu’on ne va pas savoir comment faire pour se déshabiller. » De 2017 à 2023, Sarah est incarcérée dans un centre de détention francilien. Là-bas, deux gynécologues assurent une permanence mensuelle. Pour éviter que les détenues croisent les hommes, l’UCSA [unité de consultations et de soins ambulatoires, NDLR] ne leur est accessible qu’un seul jour par semaine : « cela voulait dire que si nous avions besoin de voir un médecin, il fallait se rendre disponible ce jour-là et choisir de ne pas travailler ». Et donc de ne pas gagner d’argent, indispensable pour la cantine. A cette période, Sarah doit être suivie pour des bartholinites, une inflammation bénigne des glandes de bartholin qui, si elle n’est pas prise en charge, peut causer des infections douloureuses et dans les cas les plus graves évoluer vers un abcès pelvi-périnéal et une septicémie. En prison, Sarah a développé un lien de…
Auteur: Le Média