Soldats-espions en première ligne

Paul Klee, envers du tableau « Träger für ein Schild » (Le porteur de bouclier), 1934.

On sait que la France, sans être directement belligérante dans le conflit Ukraine-Russie, s’y trouve largement impliquée : cession de matériels et munitions à l’armée ukrainienne, aide à la formation et au renseignement, et présence de troupes terrestres ou de moyens aériens dans plusieurs pays frontaliers des deux pays en guerre (Roumanie, Pologne, Lituanie, Estonie), ainsi que de patrouilles navales permanentes en Méditerranée orientale, aux portes de la mer Noire. Fin 2022, les effectifs déployés dans le secteur dépassaient déjà ceux des forces françaises stationnées en Afrique.

Dans le cadre de ce changement partiel de posture, le renseignement militaire français s’est attelé — comme les services d’autres pays — à évaluer les capacités opérationnelles des belligérants, alliés ou adversaires : au jour le jour, tout ce qui fait évoluer le rapport de forces, et conditionne l’agencement des combats ; à un horizon plus lointain, tout ce qui permet d’apprécier le degré de résilience de l’un ou l’autre acteur, et peut conforter ou infléchir une tendance, voire dessiner une issue militaire ou peut-être politique. Le tout selon de multiples paramètres : le moral des troupes, l’interopérabilité des matériels et procédures, les effectifs, les degrés d’entraînement, les tactiques et parades, les stocks de munitions, le lien armée-nation, la profondeur stratégique, la menace nucléaire, la démographie, etc.

Brouillard de la guerre

Créée par le socialiste Pierre Joxe en 1992, après une première guerre du Golfe qui avait « montré l’impératif d’intégrer des capacités de renseignement d’intérêt militaire » auparavant éparpillées, la DRM — qui chapeaute l’ensemble des chaînes de renseignement des diverses armées — est une structure assez légère…

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Auteur: Philippe Leymarie